Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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Royale, que le chastiment des factieux n’eust en suite dependu
que de la volonté du Roy, resoluent de faire vn dernier effort ;
par lequel ils puissent en mesme temps emporter la liberté
des Princes, & faire sortir le C. Mazarin hors du Royaume.

 

Le Coadjuteur & la Duchesse de Chevreuse se chargent de
mesnager cette affaire auprés du Dnc d’Orleans, & tous les interessez
agissent de leurs costé. Le Parlement qui auoit approuué
l’emprisonnement des Princes, sa Majesté luy en ayant expliqué
les motifs par ses lettres, se porte à faire des remonstrances. Le
Duc d’Orleans sabstient d’aller au Palais Royal, & d’assister au
Conseil, protestant de n’y point aller iusques à ce que le C. Mazarin
soit esloigné de la Cour. Il va au Parlement. L’on y rend des
Arrests, par lesquels on ordonne des remonstrances pour la liberté
des Princes, & pour l’esloignement du Cardinal : qu’vn Parlement
entreprenne de demander l’esloignement d’vn Ministre,
qui vient de mettre en liberté des Prouinces entieres par la desroute
des ennemis de l’Estat : & d’opiniastrer à mesme temps la
liberté des Princes dont l’humeur & le ressentiment ne manqueroient
pas de se porter à des guerres ciuiles. C’est chose estrange,
mais que S. A. Royale qui auoit eu si grande part dans cet emprisonnement,
& qui a si notable interest de defendre l’authorité
Royale, se porte à ces sortes de resolutions. Qu’vn fils de France
donne cet auantage à vn Parlement, que d’apprendre par sa bouche
les choses les plus secrettes qui s’estoient passées dans les Conseils
du Roy, & de solliciter des Arrests sur des affaires de cette
nature. C’est chose qui fut veuë auec estonnement, & qui fit bien
iuger aux plus sensez les suites & les consequences de cette entreprise.

Tout cela neantmoins, Messieurs, estoit peu considerable si l’on
ne vous eust engagé dans l’affaire ; car que les Princes entreprennent
tout ce qu’ils leur plaira, contre les intentions du Roy : que
le Parlement & toutes les Compagnies s’y ioignent ; si vous sçauez
discerner la verite d’auec les pretextes, par lesquels on sçait vous
surprendre, ce seront des entreprises vaines & sans effet, si vous
sçauez ne vous attacher iamais à d’autres interests qu à ceux du
Roy, comme vous y estes obligez & vous contenir dans l’obeïssance ;
vous verrez tousiours tous leurs efforts inutils, & toutes les
factions qui s’esleueront estouffées dans leur naissance.

Mais comme l’on fut informé que les chefs de cette entreprise
estoient asseurez de vous, pour l’execution, iusques à vous faire



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