Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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en depute par deuers le Roy, pour l’obliger d’accorder vne Paix,
indigne de l’authorité Royale, à des Suiets rebelles.

 

En ce faisant on rauit au Roy vne victoire toute certaine, & ce
par le seul interest de l’apprehension qu’ils auoient de voir des factieux
& des rebelles chastiez, de crainte de l’estre en suite. C’est
auec regret, qu’il m’a eschappé de dire que le Roy fut contraint
d’accorder cette Paix, mais comme l’on n’en proposoit les expediens
qu’auec menaces de voir de semblables reuoltes dans Paris,
si l’on ne terminoit celle de Bordeaux par les voyes de douceur ;
ie dis la verité sans interesser l’authorité Royale.

Souuenez-vous, Messieurs, que pendant l’absence du Roy il
n’y auoit iour que vous ne leussiez auec ioye des Libelles diffamatoires,
dont la prodigieuse quantité, & la qualité maligne, n’a
pas esté vn des moindres artifices pour allumer le feu par tout.
Souuenez-vous qu’il n’y auoit heure, que vous n’entendissiez auec
plaisir des chansons honteuses & infames, contre les personnes
les plus augustes : que vous ne vissiez des placards affichez aux
poteaux des places publiques, qui tendoient à sousleuer le peuple ;
l’on crioit aux Mazarins sur ceux qui entreprenoient de les
oster. L’Archiduc vient auec vne puissante armée iusques à Fismes,
aprés auoir rauagé & desolé la Champagne, il se campe à
Basoches. L’on vous dit qu’il vient vous donner la Paix, mais
qu’il la veut traiter auec le Duc d’Orleans, & non auec la Cour,
parce que le Mazarin l’empesche. Et vous estes si stupides de
croire que l’ennemy ancien de l’Estat vous apporte la paix. Des
volleurs de nuict attaquent par vn pur hazard le carrosse du Duc
de Beaufort ; plustost qu’vn autre ; vous voulez absolument que le
Mazarin l’air fait faire. Ces voleurs sont condamnez à la roüe.
Auant l’execution on les applique à la question extraordinaire.
Ils reconnoissent tous la verité, & declarent vnanimement &
sans varier, que c’est par vn pur hazard qu’ils se sont adressez au
carrosse de ce Duc, qu’ils en attendoient mesme vn autre. Ils
perseuerent en public iusques à la mort en cette declaration. Nõobstant
vous dites que les Iuges sont corrompus & que le Mazarin
a fait entreprendre cet assassinat. Au mesme temps l’on attache
des tableaux de ce Cardinal aux poteaux publics, auec des
inscriptions infames ; les Magistrats vont pour les faire oster, ils
ne sont pas en seureté de leurs vies, l’on court sur eux & sur tous
ceux qui les assistent. La qualité qu’il a de Ministre d’Estat, outre
celle de Prince de l’Eglise, l’honneur qu’il a d’estre bien venu



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