Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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estant auec le Roy, mais allant en plusieurs endroits de la Ville
en son particulier.

 

Le reste de l’année 1649. se passe en vne infinité d’intrigues,
qui n’aboutissent & n’ont qu’vne fin de voir qui l’emportera à la
Cour, ou du Prince de Condé, ou du Coadiuteur. Les assemblées
frequentes de iour & de nuict, mesme en armes : l’assassinat resolu
du Prince de Condé sur le pont-neuf ; l’accusation intentée
contre le Duc de Beaufort, le Coadiuteur & Broussel, de laquelle
ils furent depuis deschargez, l’assassinat feint & imaginaire de
Ioly Conseiller au Chastellet, & la sedition excitée par le Marquis
de la Boulaye ; c’est ce qui vous entretient iusques à l’emprisonnement
des Princes, qui arriua le 18. Ianuier 1650.

Les causes & les raisons de cet emprisonnement furent veuës en
vne lettre que le Roy en escriuit au Parlement. Ce qui s’en est
dit de particulier, c’est que le Duc d’Orleans y contribua plus
que personne, par l’entremise de la Duchesse de Chevreuse. Souuenez-vous
que vous en allumastes des feux, vous fistes boire
tous les passans pour marque de la ioye que vous en eustes Ie fais
cette remarque expressément pour vous reprocher vostre inconstance
& vostre legereté ; puisque vn an aprés vous estes sortis au
nombre de trois cens mille hors de vostre ville, pour vous aller
reioüyr de sa liberté. Accordez ces bizarres changemens. Le
Prince de Condé lors de son emprisonnement estoit l’autheur de
vos miseres, & le C. Mazarin en ce temps-là estoit tres-innocent.
Vn an aprés, vos esprits changeans comme les saisons, vous le
croyez opprimé par ce Cardinal, l’esloignement duquel vous
demandez comme le seul remede des miseres publiques.

En suite de cet emprisonnement, le Roy va dans ses Prouinces
de Normandie & de Bourgongne. Il est obey par tout, vne seule
ville en Bourgongne fait resistance, elle est aussi-tost emportée,
de là S. M. vient à Paris, la ville de Bordeaux, laquelle comme
la vostre auoit tousiours soustenu les factieux & les rebelles,
prend l’occasion de se sousleuer de nouueau en faueur du Prince
de Condé. Le Roy est conseillé d’y aller en personne faire cesser
ce trouble. Toutes les villes de la Prouince, & toute la Noblesse
luy rendent vne entiere obeїssance. Il n’y a que Bordeaux, suiet à
semblables reuoltes aussi bien que vous, que la Noblesse entreprend
de mettre à la raison les factieux de vostre ville, assistez de
vos clameurs, s’interessent en l’affaire, ils obtiennent du Duc
d’Orleans qu’il se trouuast par plusieurs fois au Parlement. L’on



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