Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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& vos clameurs sont excitées par des personnes qui portent
leurs desseins bien plus auant que vous : & qui se seruent de
vostre foiblesse & de vostre legereté pour s’establir.

 

Il sembloit que les vacations du mois de Septembre deussent
faire separer le Parlement, & que deux mois de temps pourroient
ralentir le courage de ces esprits emportez. Mais ils creurent en
auoir trop fait pour demeurer en si beau chemin. De leur authorité
priuée ils continuent le Parlement, & toutes leurs Assemblées
ne vont qu’à affoiblir le Roy. Ils deputent souuent à S. Germain
en Laye, où le Roy s’estoit retité apres les barricades, & pour faire
approuuer des descharges & des remises d’impositions qu’ils
arrestoient par vn dessein premedité de broüiller & de nuire. Ils
mettoient en auant qu’ils n’auoient plus l’authorité, ny le pouuoir
de vous contenir, qu’il n’estoient pas en seureté de leur vie,
s’ils retournoient sans les asseurances de ces descharges.

Si déslors le Roy les eust laissé se desmeller de ces factieuses entreprises,
nous n’aurions pas veu tous les éuenemens tragiques qui
ont depuis mal-heureusement ensanglanté le theatre de la France,
& s’il est vray que vous les pressassiez de si prés, vous en eussiez
vengé le Roy. Mais comme la Reyne dont le courage est égal à sa
naissance, & la vertu au dessus de toutes les calomnies, par vne sagesse
& bonté digne d’elle, à tousiours eu dessein de faire regner
le Roy, plutost par la douceur que par la force, elle creut par l’aduis
des Princes, que pour preuenir les maux qui pourroient s’en
ensuiure il estoit à propos de leur accorder ce qu’ils demandoient.

Aprés donc plusieurs conferences, & autant de resistance qu’il
s’en peut imaginer on leur accorde enfin cette Declaration du
mois d’Octobre 1648. elle est dressée par eux-mesme, expediée
& seellée sans y rien changer.

C’est, Messieurs, cette piece fatale à l’Estat, qui fait voir
qu’ils n’ont autre dessein que d’affoiblir l’authorité Royale, décrediter
les affaires du Roy, ruiner plusieurs familles, se soustraire
du pouuoir Royal, & faire perdre à sa Maiesté vingt millions
de liures de reuenu, en vn temps auquel l’Estat ne pouuoit subsister
des reuenus establis. Aussi est-ce ce maudit ouurage qui a
rendu la France de victorieuse & triomphante qu’elle estoit, le
Theatre de la guerre, & le seiour des armées estrangeres & ennemies :
& qui a inspiré l’audace à tant de monde, sous pretexte de
la liberté pretenduë acquise par cette pretenduë Declaration, de
se mesler dans les affaires publiques, & d’y introduire la confusion



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