Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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sans que les Communautez sollicitées par les factieux, n’aillent
au Palais demander des descharges des impositions du Roy, ou
des droicts des Officiers. Il n’y a establissement pour ancien
qu’il soit, que l’on ne recherche, & n’y a point de famille qui
puisse estre asseurée du bien qu’elle possede.

 

Vn Broussel fameux artisan de vos maux, celebre republicain
en nos iours, & qui en fin a fait voir où visoit sa sombre & violente
ambition, se chargeant de toutes ces Requestes. Cét homme
qui dans le procés ordinaire de parties fait languir le pauure &
le necessiteux, & duquel on n’a iamais eu expedition dans les affaires,
apportoit vne diligence incroyable, à faire les choses qui
pouuoient causer du trouble & de l’incommodité au public &
aux particulier. Vous l’auez veu, Messieurs, en ces temps. là suiui
allant au Palais d’vne infinité d’hommes, qui le publioient Pere
du peuple S’il vous souuient des clameurs qui s’excitoient
dans le Palais, c’estoit de la communaute des Cabarettiers qui
s’y trouuoient en grand nombre, pour demander la descharge de
l’entrée du vin, & des droicts des Vendeurs. C’estoit celle des
Bouchers qui demandoient la descharge du Pied-fourché, &
tout cela, non pour l’interest public, mais par vn monopole concerté.
Verité dont vous deuez estre conuaincus, puis que les descharges
que sa Maiesté eut depuis la bonté d’accorder, n’ont
tourné qu’à l’auantage particulier de ces personnes là sans que
le peuple en ait profité. Aussi ces sortes d’impositions sont si legeres,
qu’elles sont imperceptibles en detail, & neantmoins c’est
le fonds de vos rentes & de vos reuenus, que vous auez laissé perir
par lascheté. Vn particulier d’entre-vous qui auroit esté interessé
dans la continuation des impositions, qui ont esté supprimées
dans la ville de Paris, de dix liures ou plus par chacune année,
a contribué à faire perdreau Roy deux millions de reuenu,
& a perdu l’esperance de voir les reuenus de ses rentes restablis ;
puis que le Roy n’en est debiteur que tant que les fonds sur
lesquels elles sont assignées subsisteront.

Le Roy voyant que ces choses alloient à l’exceds, & qu’vne
plus longue tollerance pourroit auoir des suittes de maux sans remede,
fut conseillé de faire arrester prisonniers les principaux
Autheurs de ces entreprises ; & comme lors que sa Maiesté est
presente à quelque ceremonie publique, elle y a nombre de gardes
on en choisit vn pour l’execution de cet ordre, afin d’estre
en estat de reprimer la violence de la canaille, dont Broussel s’estoit
acquis la faueur.



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