Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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de vostre ville sont descheus des trois quarts, & l’autre quart est
presentement inexigible. Vos debiteurs sont deuenus insoluables
par la cessation du commerce. Les Charges & Offices ne produisent
plus aucuns émolumens, par ce qu’il ne s’en fait point d’exercice.
Les principaux habitans se sont retirez de vostre ville, elle
est enuironnée d’armées, qui desertent vos maisons de campagne.
Les Espagnols, les Lorrains, & les Allemans y rauagent & pillent
tout ; pendant que lon vous repaist de l’esloignement d’vn Cardinal :
Vous estes deuenus la risée de toutes les Nations & de toutes
les Prouinces, qui vous traitent de stupides & d’insensez, vostre
nom de Badaut n’estant pas assez significatif de vostre emportement.
Mais que dis-je la risée, la cessation du commerce que toutes
les Prouinces auoient auec vous, fait que vous en estes deuenus
l’horreur.

 

Car, considerez s’il vous plaist, si excepté la Ville de Bordeaux,
il y en à vne seule en France qui vous preste la main, & qui adhere
à vostre desobeïssance ? Au contraire, comme ie l’ay remarqué
cy-deuant, elles vous chargent de toutes sortes de maledictions ;
principalement celles qui souffrent le passage des armées que
vous appellez. Pour ce qui reste du Parlement dans vostre Ville,
quelques pretendus Arrests qu’ils ayent donné, pour conuier les
autres Parlemens à se joindre à eux, ont-ils peu ebranler la fidelité
d’vn seul ? Tant s’en faut, il y en a qui ont rendu des Arrests contraires,
& tous ont defferé à la translation ordonnée par le Roy
de vostre Parlement en la ville de Pontoise.

Voila, Messieurs, ce que i’ay creu vous deuoir representer sommairement
sur l’estat des choses presentes. Ie l’ay entrepris par le
seul interest qu’vn bon François & vn concitoyen affectionné au
bien commun de sa ville, doit prendre dans la desolation publicque ;
sans aucun dessein d’offencer personne, ny d’exagerer les
choses passées. Si cette deduction naїfue n’auoit pas l’effet que ie
me suis proposé, l’auray du moins ce tesmoignage de ma conscience,
d’auoir contribué ce qui aura esté en moy, pour sauuer
mon pays de l’embrasement dont il est menacé.

Que si elle fait quelque impression sur vos esprits, ie suis bien
asseuré, que les moyens que nous auons nous-mesmes en main,
dans Paris nous peuuent releuer, à moins que Dieu par les ordres
secrets de sa prouidence, ait prononcé contre nous son dernier
arrest : & que nos crimes & les outrages que nous auons fait au
Roy, qu’il nous a donné, apres tant de desirs, de prieres & d’attentes



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