Anonyme [1652], ADVIS SINCERE AVX BOVRGEOIS DE PARIS. , françaisRéférence RIM : M0_543. Cote locale : B_17_11.
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que tous leurs efforts seroient inutiles, & voyant bien
que si l’armée du Roy passoit la riuiere, il n’y auoit point de seureté
pour eux à Saint Cloud. Ils se resoluent de changer de quartier.
Ils font pour cét effet filler leurs armées sur le soir, pendant
que quelque Cauallerie paroissoit en escadrons au delà de la riuiere
deuant Espinay.

 

L’on a aduis au Camp du Roy de cette marche sur l’heure de
minuict, l’on donne les ordres de faire repasser la riuiere à vne
partie de l’armée qui auoit passé le iour precedent. L’on marche
à la pointe du iour, l’on donne sur l’arriere garde, qui fut rencontrée
vers le faux bourg sainct Martin. Elle fait sa retraite au
fauxbourg S. Antoine, où sans l’auantage du lieu & les retranchemens
qui les fauorisoient, vous eussiez esté deliurez en peu de
temps de ces troupes Espagnolles, & de vos Tyrans qui les commandent.
L’on rapporte aux Generaux l’estat des choses. Il est
resolu qu’ils seront forcez dans le fauxbourg, l’armée s’auance
pour cet effet.

Si vous eussiez autant aymé vostre Roy, & passionné vostre liberté
pour remettre en son obeïssance, que sa Majesté eut de sentiment
pour vous en cette iournée là, vous eussiez sans doute mis
fin à vos miseres ; car elle ne feignit point d’y aller & d’y agir en
personne, ny son aage, ny la saison, ny la chaleur du iour, qui fut
vn des plus chauds & de plus insuportables de l’année, ne peurent
le diuertir de courir à vne occasion, dans laquelle il s’agissoit de
vous conquerir sans vous combattre : & de regagner sa bonne
Ville de Paris, dont les factieux se sont emparez, sans l’incommoder.
Les Espagnols ennemys de l’Estat, & les rebelles joints à eux
estoient acculés dans ce Fauxbourg. Il ny auoit autre esperance
de salut pour eux, que celuy que vous voudriés leur procurer. Il
falloit qu’ils passassent tous par le fil de l’espée (& le Prince de
Condé mesme voyoit sa perte irreparable) l’armée du Roy estoit
animée par sa presence Royale, y eust-il iamais vne plus belle
occasion de laisser perir les ennemys de l’Estat, & de vous reconcilier
auec vostre Souuerain, qui faisoit dessein d’entrer ce iour là
dans Paris, si vous l’eussiés laissé faire. Vous y fustes conuiez par
des lettres de sa Maiesté, qu’elle vous escriuit du Camp ; vous ordonnant
de tenir vos portes fermées, tandis qu’en personne il alloit
vous deliurer de vos tirans & des Ennemis de sa Couronne.
Vous le promistes ainsi par la responce apportée à sa Maiesté par
vn trompette. Vous le coniuriez par cette réponce d’entrer dans



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