Anonyme [1649], ADVIS SALVTAIRE ET GENEREVX A TOVS LES BONS FRANCOIS Et aux veritables Bourgeois de Paris. , françaisRéférence RIM : M0_541. Cote locale : A_2_13.
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objet de la guerre, & l’Autheur de toutes tes infortunes ?
Est-ce vne paix, puis qu’on fait reuire la maltotte, &
qu’on te prepare vne imposition de quinze millions ? Est-ce
vne paix, puis que l’on ne veut pas escouter le Deputé
du Roy d’Espagne & de l’Archiduc qui la demande, afin
de faire cesser le pretexte d’auoir tousiours sur pied des
gens de guerre, & conseruer le moyen de se venger lors
que tu auras quitté les armes, & te seras diuisé du Parlement,
des Generaux & des Prouinces ? Est-ce vne paix, puis
qu’il ne s’y est rien traitté pour ton repos & seureté de ta vie
& de tes biens, qui au contraire demeurent à la discretion
de ton Ennemy mortel, qui menasse de renuerser Paris en
poudre du canon de la Bastille si-tost qu’il en sera maistre ?
Est-ce vne paix, puis qu’on te precipite dans vne seruitude
plus dure & plus infame que tu ne l’as encore esprouuee ?
Aussi n’ignore-tu pas que c’est la violence qui l’a extorquee,
& que lors qu’il a esté question de te la faire receuoir
& au Parlement, les Cieux ont retenty de tes plaintes, clameurs,
& des protestations de plusieurs braues Senateurs
zelez pour le bien public, qui ne pouuoient pas consentir
à ce qu’ils iugeoient contraire à leur honneur & à leur conscience.
N’ignores pas encore que ce sont des ames venales
& corrompües qui te sollicitent, & ne recognoissent
autre regle de la verité que leurs interests ; & ainsi ne te laisse
donc pas empester & insinuer ce poison dans le cœur,
non plus que les autres propositions erronées que l’on
met en auant, par lesquelles on te fait entendre qu’vne
mauuaise paix vaut mieux que la meilleure guerre, & que
les Generaux fomentent l’ennemy de l’Estat pour le rauager :


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