Anonyme [1652], ADVIS IMPORTANT, DONNÉ à MONSEIGNEVR LE PRINCE, Sur l’Estat des affaires presentes Par vn des Notables Bourgeois de Paris. Le 20. de Iuin 1652. , françaisRéférence RIM : M0_519. Cote locale : B_20_31.
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l’on pretend vous espuiser de forces, d’argent &
d’amis, & vous voyant enfin sans resource, le Roy qui
en a tousiours d’inépuisables, vous pousse pour lors si
bien à bout, qu’il en demeure entierement le Maistre.

 

Ie ne doute point, Monseigneur, que l’aduis de
quelques robes longues de vostre Conseil, & d’autres
personnes qui vous pratiquent souuent, ne soit de terminer
les affaires par vn accommodement, estant le
seul moyen qui peut leur donner tout l’honneur d’vn
tel ouurage, & ne pouuant auoir nulle part à l’execution
d’vne force ouuerte, qui est le seul endroit qui
vous reste, pour prendre vos asseurances, vous ne deuez
point trouuer estrange si la Voix des Peuples vous
aduertit que le desir de s’acquerir de la reputation les
aueugle dans cette occasion ; estant tres-constant que
tous les gens de bien sans passion de leurs propres interests,
& attachez aux vostres, vous conseilleront
tousiours le contraire pour les raisons qui suiuent.

Premierement, c’est qu’il est tres-constant que le
C. Mazarin, entend mieux la negociation qu’homme
du monde, & autant qu’il est ignorant à gouuerner
vn Estat, il est sçauant à fourber, & ne s’en estant iamais
peu empescher dans aucun traitté qu’il ait fait,
quoy qu’il n’y eut point d’autre interest que de le bien
conclure, il est bien difficile de s’en exempter dans
cette rencontre, qui est purement contre luy seul.

Secondement, c’est que ne pouuant auec honneur
& seureté vous empescher de le chasser sans esperance
de retour, supercherie, ny pacte secret, il est impossible



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