Anonyme [1649], ADVIS D’VN BON PERE HERMITE, DONNĖ A VN AVTRE SVR LES MALHEVRS DV TEMPS. , françaisRéférence RIM : M0_501. Cote locale : A_2_25.
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ie vous estime heureux de n’entendre point le bruit
des Tambours & des Trompettes, qui vient iusqu’à
moy, & qui fait retentir les echos de mon rocher.
Qui eut iamais crû qu’à deux lieuës de Paris vne personne
de nostre profession eut apprehendé les Allemands,
& les Polonois, que les villages d’alentour
eussent esté exposez aux plus sanglantes fureurs de nos
ennemis, & que la Ville capitale du Royaume fut
menacée d’vne desolation pareille à celle des frontieres,
non feulement du consentement des Princes les
plus considerables, mais encore par leur ordre ? Vous
auriez peine à croire cela, si quelque personne inconnuë
vous l’escriuoit ; moy mesme i’aurois de la
peine à me le persuader, si mes yeux, & mes oreilles
ne m’en auoient fait vn si fidelle rapport, qu’il m’est
impossible d’en douter.

 

La façon dont i’en appris les premieres nouuelles
est si extraordinaire, qu’elle merite bien que ie vous
la raconte. Il y a enuiron dix iours que sur les huit
heures du soir m’estant prosterné deuant vn Crucifix
pour entrer dans le sacré colloque, que nous auons
auec Dieu par le moyen de la priere, comme ie voulois
passer à la meditation, i’entendis frapper rudement
à la porte de ma cellule, ie ne suis pas monté à
ce haut degré de perfection, ou l’ame est enleuée du
corps, & la personne deuient insensible sans mourir
par la force de son applicatiõ, i’entendis donc le bruit,
& ie crûs d’abord que c’estoit le commun ennemi des
hommes qui me vouloit interrompre, & me priuer
du goust & de la consolation que nous auons dans



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