Anonyme [1649], ADVIS DV MAVVAIS RICHE A MAZARIN. , françaisRéférence RIM : M0_512. Cote locale : A_2_9.
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pour mes freres mesmes, & ie te laisse à penser s’il
m’accorderoit pour toy, ce qu’il m’eust refusé
pour eux.

 

I’auois beau moderer mes desirs ; ie ne pouuois
luy demander si peu qu’il ne luy semblast que ie
demandois trop, & ce fut inutilement que ie
priay ce bon Patriarche de leur enuoyer au moins
le Lazare, pour leur faire sçauoir comme témoin
oculaire, ma disgrace & les retirer par l’exemple
de mon chastiment du mauuais chemin où les
auoit mis celuy de mes crimes.

Tes Freres, me repliqua-t’il ont la Loy & les
Prophetes, & s’ils ferment l’oreille à la voix des
viuants esperer tu qu’ils l’ouurẽt à celle des morts ?
C’est la responce qu’il me fit, Mazarin, & celle
qu’il vient de me faire. Mazarin, m’a t’il dit, a
comme tes freres, les Loix humaines & diuines,
il à les Prophetes & plus qu’eux, les Confesseurs
& les Interpretes des Oracles diuins. Ie n’aurois
iamais fait si ie voulois icy te faire vn détail de
toutes nos raisons de part & d’autre pour & contre.
Qu’il te suffise d’apprendre que si ie n’ay peu
obtenir non vne visite, mais vne simple ambassade
au moins ne m’a-t’il point refusé la liberté de
t’écrire du fonde de l’Abysme, où tu ne me vois
pas au bord du precipice, où ie re voy bien prest à
trebucher en ce gouffre : Si Dieu ne te retire d’vn
pas si glissant.

S’il m’étoit permis de t’enuoyer vn tableau de
mes souffrances, que tu ne sçaurois conceuoir si



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