Anonyme [1650], ADVIS AVX PARTISANS, MALTOTIERS, MONOPOLEVRS ET Fermiers de ce Royaume, trouué dans le Cabinet de d’Emery apres sa mort. , françaisRéférence RIM : M0_493. Cote locale : A_9_30.
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son integrité rare, qu’il accompagne du zele du
progrez d’vn chacun) disoit auec beaucoup de verité
que pour vne pistole de corde (ie dirois encore moins)
il feroit venir vingt millions de liures dans les coffres
du Roy, pourueu qu’ils ne ressemblent point aux tonneaux
des Danaïdes, dans lesquels on met toûjours,
& ne sont iamais pleins pour estre percez : car de
temps immemorial ces gens rauissans ne se soucient
de cette iudicieuse maxime tirée du Chancelier du
Roy Theodoric. Qu’il n’y a rien de plus pernicieux
que d’estre pauure dans vn Empire. On peut conjecturer
(afin de retourner à mon discours duquel ie
m’estois vn peu destourné, & pour cause) que les
susdits banquets n’estoient faits parmy les pleurs
comme ceux d’Abraham lors qu’il circoncit son fils
Isaac, parce qu’ils imitoient ces Epicuriens, qui disoient
dans l’Autheur de la Sapience, [Couronons-nous
de roses consacrées à la Deesse des Amours,
auãt qu’elles soient flestries. Qu’il n’y ait aucune prairie
où nostre luxure ne passe. Nul de vous soit exempt
de nostre réjoüyssance. Delaissons par tout des signes
de liesse : car cette est nostre part, & cette est nostre
sort : foulons le pauure iuste, & n’épargnons point
la veufve &c.] Et si vous lisez le vingt-quatriéme chapitre
de Iob, qui décrit fort elegamment la vogue des
méchans, vous y trouuerez leur vie naïfuement décrite,
il n’y a que leurs noms à mettre. Cela me fait
croire certainement que leur estomach est aussi gourmand,
auide, & chaud que celuy d’vne Austruche,
l’experience faisant voir iournellement presque à chaque


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