Anonyme [1650], ADVIS AVX PARTISANS, MALTOTIERS, MONOPOLEVRS ET Fermiers de ce Royaume, trouué dans le Cabinet de d’Emery apres sa mort. , françaisRéférence RIM : M0_493. Cote locale : A_9_30.
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d’auoir dérobé plus de deux millions de liures, dont
il a esté informé, & sur l’informatiõ decreté, adjournement
personel contre Cathelan & Tabouret, & de
ce non content, le denonciateur a demandé qu’il luy
fust permis de saisir & arrester leurs effets comme des
gens fugitifs, qu’ils receloient en des maisons particulieres,
que le denonciateur offroit d’indiquer. Sur
cette Requeste a esté donné Arrest, par lequel il a esté
ordonné que le denonciateur nommeroit à Monsieur
de Broussel Rapporteur, les maisons où il pretend
lesdits Cathelan, & Tabouret auoir recelé leurs
effets, pour à la discretion dudit Commissaire y estre
saisis, & arrestez, & en faire rapport à la Cour, ainsi
qu’elle iugeroir à propos &c.

 

On n’ignore aussi aucunement qu’ils ont mis le
pied sur la gorge quasi d’vn chacun, & ont reduit à
vne si triste, & rigoureuse necessité les vns, qu’ils ont
esté contraints d’abandonner leur Patrie pour aller
seruir és pays estranges en des conditions sordides,
& indignes de leur courage : les autres ont demeuré
dans la France cherchans leur miserable vie, n’ayans
pour retraites que des hospitaux, ou des granges, ou
des mazures, ou des cauernes sousterraines, & obscures
qui leurs ont seruy presque de tombeau, comme
s’ils n’estoient plus entre les viuans, & en cette façon
ne viuans pas, mais languissans : leur esprit agité de
mille inquietudes, & à tous momens cõbattu de mille
apprehensions, leur a rẽdu la vie plus affreuse que
toutes les morts, puisque leur vie n’estoit pas vie, mais
vne mort viuante ; les vns n’ont eu dans leur pays natal



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