Anonyme [1650], ADVIS AVX PARTISANS, MALTOTIERS, MONOPOLEVRS ET Fermiers de ce Royaume, trouué dans le Cabinet de d’Emery apres sa mort. , françaisRéférence RIM : M0_493. Cote locale : A_9_30.
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du Roy. Et ce qui est digne de pitié, elles sont
plus rauissantes que celles d’harpies, & leurs pieds
crochus à l’instar de ceux d’vn gryphon tres amateur
de ces metaux, qui n’ayans point de prix le donnent
à toutes choses. On connoist par là qu’ils thesaurisent
iniquité, & rapine en leurs maisons : maisons,
dis-je, où l’on voit vne marmite boüillante,
non pas en vision comme le Prophete Ieremie, mais
en realité, & pleine de viandes exquises pour contenter
pleinement leur friande gloutonnie. Ce qui
fait croire indubitablement qu’on n’y mange pas le
foin à l’imitation de Nabuchodonosor debouté des
hommes, mais le peuple qu’ils deuorent, ainsi que
l’Escornifleur du railleur Lucian faisoit les mets delicieux
de ceux qu’il escornifloit. Aussi imitans le
Lyon d’Ezechiel, ils ont apris à deuorer les hommes
auec plus d’appetit que les Israëlites ne faisoient la
manne au desert, faire des vefues & des orphelins,
mettre la desolation, & l’épouuente dans les pays,
faire venir les citez en desert ; bref d’operer en sorte,
que la terre auec le contenu d’icelle soit desolée par
la voix de leur rugissement horrible, & plus lamentable
que les lamentations de ce lamentable Prophete,
qui lamenta iadis si amerement la ruïne de la ville de
Ierusalem. Qu’ainsi ne soit, vers le temps des vendanges,
ils font tres-expresses inhibitions, & defenses
aux manans, & habitans de la campagne, des hameaux,
villages, bourgs, de vendre aucuns raisins,
bien qu’ils n’ayent souuent moyen de faire vendanges,
ou quoy qu’il en soit ayent fort peu de vigne,


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