trompé en voulant tromper tout le monde. Vostre
charme ne durera pas toûjours, & nous ne desesperons
point que ce ieune Lion ne se réueille en
fin, & ne vous mette en pieces. Ce foudre que la
Iustice a lancé contre vous a bien sceu vous fraper
tout seul sans offencer la personne sacrée que vous
n’osez abandonner. Tout le Royaume s’esleue cõtre
vous seul, & comme seul vous estes cause de la
tempeste ; si l’on vous jette hors du vaisseau, nous
reuerrons aussi-tost le Calme de la tranquilité. Ie
ne puis assez m’estonner comment apres tout ce
qui s’est passé vous pouuez vous promettre de demeurer
en France, & mesme de reuenir à Paris ;
certainement c’est ce qu’on ne peut conceuoir, &
que l’on ne croid pas estre possible, qu’vn homme
accusé & conuaincu d’auoir espuisé toutes les Finances,
ruiné les Prouinces, volé tous les Officiers,
empesché la paix, & condamné par vn Arrest si
solemnel & si cognu par tout, ofe esperer de rentrer
dans vne Ville qu’il a eû dessein de saccager,
qu’il tient bloquée, qu’il tasche d’affamer, & dont il
a fait piller tous les bourgs & villages circonuoisins.
Pourriez vous conseruer vostre vie au milieu
de tant de millions d’hommes qui vous regarderont
comme vn Tyran, & qui croiront meriter de
leur Patrie s’ils vous sacrifient à leur deuoir, & à la
memoire de tant d’honnestes gens que vous auez
fait perir. Vous me direz peut-estre que vous auez

page précédent(e)

page suivant(e)