Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 5 --

contre les Ætoliens ; mais enfin ayant esté obligé d’en
venir à vn accord, parce qu’ils auoient appellé les Romains
à leur secours, garda si exactement la parole qu’il
auoit donnée à l’ennemy, que pour l’obseruer mieux de
point en point, il se faisoit lire tous les iours deux fois
les articles de cette paix : sçachant bien que nulla res
vehementius Rempub. continet quam fides, & que c’est
elle, comme a fort bien dit depuis Quinte-Curse, quæ
stabile & æ[2 lettres ill.]num facit imperium.

 

Iliad. I.

[illisble]
apud plutur.

Offic. liu. 1.

Cic. 1. Offic.

Curse l. 8.

Ce Philippes estant mort, & Perseus son fils luy ayant
succedé à la Couronne, Onesimus, Gentilhomme Macedonien,
qui auoit esté l’vn des plus fidelles conseillers
de Philippes, remonstra par plusieurs fois au Roy Perseus,
qu’il deuoit à l’imitation de son pere, tenir tousiours
dans ses mains, & lire le plus souuent qu’il pourroit ce
traitté, pour le faire obseruer inuiolablement : Perseus
d’abord se moqua des remonstrances d’Onesimus ; mais
comme il vit qui luy repetoit si souuent vne mesme leçon,
il le disgracia & l’eut pour suspect. Si bien que se
bon Gentilhomme fut contraint, pour sa plus grande
seureté, de se retirer à Rome. Qu’arriua-t’il enfin ? Perseus
ayant fait vn grand amas de deniers, & s’estimant
assez fort pour soustenir les Romains, rompit peu à peu
les articles de la paix l’vn apres l’autre ; si bien qu’il obligea
les Romains d’enuoyer contre luy Paulus Æmilius
à la teste d’vne Armée, qui en moins d’vn mois se saisit
de toute la Macedoine, & prit Perseus prisonnier auec
son fils, qui furent menez en triomphe à Rome, où
apres cela ils moururent miserablement dans vne prison.

Voila, Monseigneur, ce qu’il a profité à Philippes
de garder sa foy, il fut paisible dans son Royaume, chery
de ses sujets & honoré des estrangers : & au contraire
ce qu’a gagné Perseus pour auoir voulu contreuenir au
traitté qu’il auoit fait. Or il ne faut pas dire qu’il s’agist
dans l’exemple que ie viens d’apporter, de la foy donnée
par vn Prince à vn autre Prince : mais non pas de la



page précédent(e)

page suivant(e)