Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : A_5_87.
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Volsques, dont il estoit le chef, outré qu’il estoit de douleur
d’auoir esté iniustement banny par les Romains Nous
n’ignorons pas, luy dirent-ils, Seigneur Coriolanus que
l’on vous a fait grand tort de vous auoir chassé & banny
de vostre Patrie, pour laquelle vous auez tant fait & tant
de fois si vaillamment combattu, que vous estes comme
son second pere & fondateur. Nous sçauons bien aussi
que c’est à bon droit que vous estes indigné & marry de
l’inique iugement que l’on a rendu contre vous, vû que
naturellement celuy qui est iniurié est irrité contre celuy
qui luy fait iniure. Mais nous sommes merueilleusement
estonnez que vostre iugement ne discerne point par raison
ceux sur lesquels vous pourriez iustement vous vanger,
d’auec ceux qui ne vous ont point fait de mal ny
d’outrage ; mais reputez indifferemment pour ennemis
autant les coupables que les innocens. Nous qui sommes
vos amis, & des plus anciens des Patriciens, sommes icy
enuoyez par vostre patrie & la nostre, pour nous plaindre
au nom d’icelle de ce que vous violez les loix inuiolables
de nature, & pour vous prier de vous déporter de
cette guerre, & entendre à vne bonne paix, vous offrans
de vous accorder tout ce qui sera à vostre honneur & à
vostre profit. Nous confessons qu’on vous a fait grand
tort de vous auoir chassé. Mais qui l’a fait ? le peuple, direz
vous, qui a donné sa voix en ma condemnation. Cela est
vray, nous ne le nions pas, mais tout le peuple n’est pas
d’vne voix, bien que la pluralité aye esté contre vous,
Ceux donc qui auoient donné leur voix pour vostre absolution,
meritent-ils que vous leur faciez la guerre
comme à des ennemis ? & nous autres Senateurs qui
auons esté si desplaisans de vostre mal, nous deuez-vous
reputer pour ennemis ? Mais les femmes & les enfans que
vous ont-ils fait ? faut-il que tant d’innocens tombent en
peril & danger d’estre tuez pillez & saccagez, sans vous
auoir fait tort, mais plustost vous ayans fauorisé ? si nous
vous demandons pourquoy vous voulez razer & destruire


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