Sipois, Cermier de (P. A. N.) [signé] [1649], LETTRE DV SIEVR CERMIER DE SIPOIS, A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS. SVR LES DEFFIANCES DE de quelques particuliers touchant la Paix. , français, latinRéférence RIM : M0_2198. Cote locale : C_3_49.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 7 --

vn iour d’iniustice & de lascheté, si ils s’estoient
comportez autrement dans ce rencontre ? Mais cependant,
dira quelqu’vn de ceux qui ne cherchent qu’à
broüiller, & qui ne peschent iamais mieux qu’en cauë
trouble ; c’est vne honte que le Roy ait esté obligé d’en
venir à vn accord ; il faut qu’il aye le dessus, & que les
Parisiens se mordent les pouces d’auoir pris les armes ;
Il y va de l’interest des Princes, de n’en pas demeurer
là ; il faut à quelque prix que ce soit abaisser l’orgueil du
peuple, & luy monstrer que c’est regimber contre l’esperon,
que de resister à la volonté des Princes. Ce sont
là, Monseigneur, les discours que de mauuais François
soufflent peut-estre tous les iours à vos oreilles, ne prenans
pas garde qu’ils ont affaire à vn Prince trop sage &
trop prudent pour se laisser aller temerairement à des
raisons si mal fondées ; & à des suggestions si déraisonnables.
Quand les Parisiens auroient failly (ce que ie
ne puis conceuoir, & ne crois pas, Monseigneur, que
vous soyez non plus dans cette pensée) ie m’asseure que
vostre bonté porteroit plustost sa Maiesté à leur pardonner,
que non pas à les punir.

 

Ouide.

 


Corpora Magnanimo satis est prostrasse Leoni,
Pugna suum finem, cum iacet hostis, habet.

 

C’est à faire à des ames lasches de poursuiure sans cesse
ceux de qui ils s’imaginent auoir receu quelque iniure.
Vn bon pere, tel que vous reconnoissent tous les François,
ne recherche point la mort de ses enfans ; quand
ils faillent, il se contente pour la premiere fois de leur
monstrer les verges, aymant bien-mieux en venir à bout
par ce moyen, que non pas par la rigueur & la seuerité.
Comme la clemence est la Princesse des vertus : aussi
pouuons nous dire qu’elle est, à proprement parler, la
vertu des Princes.

Sola Deos æquat clementia nobis,

4 De Consulatii
Honseii.

Sueton. in
Nerone & in
Teberio.

Encor que le pays de Guienne appartint à la Couronne
de France, si est-ce que du temps de nostre Charlemagne
il y auoit beaucoup d’émeuttes, par les pratiques
de quelques grands Seigneurs du pays, qui excitoient
le peuple à la rebellion. Eudon auoit commencé ce ieu
sous Martel : Gaiffre & Hunault ses enfans, & heritiers
de son mécontentement, l’auoient continué sous Pepin.
Gaiffre estant mort, Hunault luy succe da en mesme inimitié,
laquelle Carloman fomentoit pour s’en seruir contre
son frere Charlemagne : Et comme son ambition iaiou
se le poussoit à entre prendre contre luy, aussi se seruoit
il de l’auare ambition de Hunault, sous l’appas du
reuenu de Guienne, le voyant en humeur de s’en faire
Duc, estimant auoir assez de creance enuers les peuples,
pourueu qu’il fut fauorisé de l’vn des Roys de France
contre l’autre. Or la Guienne estoit du partage de
Charlemagne ; Hunault iette donc les fondemens de son



page précédent(e)

page suivant(e)