Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.
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Loing de ietter sur moy des fleurs & des Guirlandes,
Loing de prendre vos Luths dont les tristes acords,
Parleroyent aux viuans de la gloire des morts ;
Vostre Muse perfide, en sa rage animée,
Vomit tout son venim contre ma renommée,
Perd encor la memoire auec le iugement,
Pour suit son Bien-facteur iusques au monument,
Et d’vne mesme main qui desrobe, & qui donne,
Qui m’auoit couronné, veut m’oster la couronne,
Vous que ie nourrissois, trop infames Corbeaux,
Qui venez croasser à l’entour des tombeaux,
Vous qui de mes faueurs vous declarez indignes,
Ouy, vous estes Corbeaux, & ie vous croyois Cignes,
Et le Ciel me punit par vostre propre voix,
Du bien que ie vous fis, & d’vn iniuste choix.
Allez cœurs insolens, allez cœurs mercenaires,
Prendre apres mon trespas, mes faueurs ordinaires,
Et de la mesme main qui vient de m’outrager,
Prenez encor de moy, dequoy vous soulager.
Ouy, lasches partisans, d’vne ialouse enuie,
Ouy, mesme apres ma mort, ie vous donne la vie,
Et par vne bonté, qui vous rendra confus,
Ie fais encor du bien, lors que ie ne suis plus.
Ceux de qui la vertu, ne me fut point connuë,
Ceux de qui le malheur la couurit d’vne nuë,
Ceux qui n’eurent de moy, ny faueur ny support,

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