Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.
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Plus que le plus beau iour qui nous tombe des Cieux.
Lors que par le respect vne telle auanture
Eut imposé silence à toute la nature ;
Le vent se suspendit, tout parut en repos,
Et l’Ombre en souspirant, commença ces propos.

 

 


Tremblez, tremblez meschãs, dõt la main sacrilege,
Viole des tombeaux le sacré priuilege ;
Et qui venez troubler par d’infames escrits,
Le paisible repos, des Bien-heureux Esprits.
Ie m’en plains ; mais pour vous ô race ingrate & noire,
Qui mourrez dans la honte, où ie vy dans la gloire ;
Et qui serez enfin apres cette action,
L’eternel des honneur de vostre Nation.
Mais ne presumez pas auec tant de feblesse,
Que iusques dans le Ciel, nul de vos traicts me blesse ;
Du haut de l’Empiree, où ma vertu m’amis,
Ie vous voy dans la fange, indignes ennemis,
Et quel que soit le traict que vostre main décoche,
C’est pour vous seulement, que ie vous le reproche.
O lasches escriuains, qui cent fois en ces lieux
M’auez, offert l’encens qu’on doit offrir aux Cieux,
Qui iusques sur l’Autel, auez mis ma Statuë,
Par vous mesme en ce iour doit elle estre abbatuë,
Et par quelle fureur voulez vous m’arracher
Vne palme des mains qui me couste si cher ?
Quoy, lors que i’attendois des vœux & des offrandes,

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