Scudéry, [?] de [signé] [1643], L’OMBRE DV GRAND ARMAND. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_5.
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Paroist apres ma mort autour de mon cercueil.
Mille & mille flambeaux à lumiere esclatante,
Enuironnent le Temple & la Chapelle ardante,
Et parmy tant de feux saintement allumez,
Par vne voix de feu les peuples sont charmez.
Ce rayon lumineux, & cette viue flame,
Qui du plus haut des Cieux penetre dans vne ame,
Vient esclairer l’esprit d’vn illustre Orateur,
Luy dictant vn discouts digne de son autheur :
Et de l’Esprit diuin l’eloquence diuine,
Par mille beaux efforts prouue son origine.
Ces Muses que le Ciel inspire hautement,
Qui dedans leur fureur chantent si sagement,
Qui traçent de mes faicts l’eternelie memoire,
Par qui mesme du temps i’espere la victoire,
Toutes sans interest comme sans lacheté,
Consacreront ma gloire à l’immortalité.
Vous seuls laches esprits, qui chantez sur ma cendre,
Animez par l’Enfer où vous deuez descendre ;
Oyez ce que le Ciel, dans son iuste courroux,
Auiourd’huy par ma bouche ordonne contre vous.
Que le Peuple & la Cour se mocque de vos veilles,
Qu’ils traitent de chãsons, vos plus rares merueilles,
Et que vous puissiez tous, attaquez par la faim,
Auoir le sort d’Homere, & chanter pour du pain.
Que de tout l’Vniuers, vostre Muse bannie.

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