Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa jusques au retour de Leurs Majestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : A_9_9.
LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son
Vovs la terreur de l’Vniuers, Moy Courier suis parti d’Anuers, Pour entretenir vostre Altesse, Et pour diuertir sa tristesse. Prince, si mon dessein est grand, Ie prens vostre cœur pour garand, Et dans vn malheur si funeste, Ie luy laisse à faire le reste : C’est luy qui vous consolera, Qui mieux que moy diuertira L’ennuy mortel qui vous accable : C’est luy qui combattra le Diable, S’il vous tentoit de desespoir ; Et c’est luy qui doit faire voir Que vous le vainqueur d’Allemagne, La terreur de Flandre & d’Epagne, Riez du sort & de ses coups Qui sont grands, mais bien moins que vous. Adonc sur cette confiance Que ie prends de vostre constance, Et de vostre religion, (Car contre la tentation En prenant vn peu d’eau beniste Vous la ferez courir bien viste) Ie viens pour charmer vos douleurs Iustes dans de si grands malheurs ; Et connoissant que la lecture En peut seule faire la cure, Ie viens auec ce lenitif Tres propre à guerir vn captif ; Et pour commencer vne histoire Toute fraische en vostre memoire Par la mort du grand Chastillon ; Voilà vos Dames, tous de bon ; C’est fait. Dego s’en va Silence. Paix-là, Monseigneur, ie commence.
L’An estoit estoit encore tout neuf De mil six cens quarante-neuf, C’estoit la cinquiesme iournée De l’aisné des mois de l’année, Quand le Roy vint dans le Fauxb. A l’Hostel iadis Luxembourg, Et qu’vne Grammaire nouuelle Le Palais d’Orleans appelle. Là dans la chambre où s’alictoit Madame, qui febricitoit ; Cõment vous portez-vous ma Tante, Disoit le Roy ; Vostre seruante, Respondir Madame, Assez mal. Mais la Reine & le Cardinal, S’entretenoient dans vne salle Auec son Altesse Royalle. Ce qu’ils dirent, ie ne sçay pas, Car ils causerent assez bas : Mais dans tout ce qu’ils pûrent dire Ie n’y vois point le mot pour rire. Ils parloient de nous assieger, Fi pour ceux qui veulent manger. En quel terme, il ne m’importe, Soit qu’vn d’eux parla de la sorte. Il faut affamer ces ingrats, Ces Baricadeurs scelerats ; Foin de vous, repartit la Reine, Où courrons-nous la pretantaine Auec vn peigne en vn chausson ? Monsieur repeta la chanson, Ce qu’on peut prendre est bon à rendre ; Et le succez a fait comprendre Que tous trois conclurent sans moy, Qu’il falloit emmener le Roy.
Ce soir, Prince, tu fis ripaille Chez vn fumeux pour la bataille Qu’il perdit deuant Hannecour, Grammont, le poli de la Cour. Là changeant d’habit & de linge, Comme l’on voit sauter vn singe
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