Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
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Que le sieur Comte de Grançey,
Sans que nous l’eussions offensé,
Auoit mis vn siege funeste
Deuant Bry, le seul qui nous reste,
Et qu’à l’abord ce Gouuerneur
Nõmé Bourgongne, hõme d’honneur,
Auoit fait iusqu’à l’impossible,
Percé l’ennemy comme vn crible,
Et bien rabattu son caquet
A coups de canon & mousquet :
Mais qu’en fin vne large bresche,
Le manque de poudre & de mesche,
Et le desespoir du secours,
(Qui ne pouuoit pas auoir cours
A cause des mauuais passages,
Des de filez & marescages
Que nous ne pouuions par gauchir,
Et que nous pouuions moins franchir
Pralin tenant les aduenues)
Faisant sauter Bourgogne aux nues,
Il auoit fait vn bon traitté ;
Car tel il luy fut protesté.
Mais, las ! ceux qui tenoient le siege
Se seruirent du priuilege
Qui permet à tous les Normans
De ne tenir point leurs sermens,
Puis que contre la foy promise
Ils mirent tous nuds en chemise
La plus grand part de nos Soldats,
qui reuinrent les chausses bas.

 

26. Fev.

Siegedé
Bia contre-robert.

 


Ce fut au cul de la semaine
que nos deputez vers la Reyne
Au Parlement sont reuenus,
Où deuant Senateurs chenus
Et tous nos chefs à l’audience
Ayans pris chacun leur seance,
Là de leur deputation
Ils firent exposition,
Et rapporterent que la Reyne
Auoit dit, ie n’ay point de haine,
Et si i’osois boire du vin
Nous beurions ensemble demain :
Cependant nommer commissaires
qui soient plenipotentiaires
Tant pour la generale paix,
que pour descharger de son faix
Le pauure peuple de la France :
Et pendant nostre conference
Ceux qui vous portent à manger
Pourront passer sans nul danger.
Ce que la Cour trouua tres iuste,
Et nostre Parlement auguste
Conclud qu’en vn certain endroit
Des deputez on enuoyroit,
Et mesme qu’auant leur sortie
La Reyne en seroit aduertie.
Pour cet effect les gens du Roy
Sy firent traisner par charroy.

 

27. Fev.

 


Le Dimanche quelque canaille
Dont le feu fut vn feu de paille,
Fit maniere d’emotion
qui tendoit à sedition,
Elle en vouloit à la soutanne,
Et prit ie croy pour vne canne
Monsieur le President Thoré,
qui fut à peine retiré
Des griffes de nostre fructiere
qui le traisnoit à la riuiere.

 

28. Fev.

 


Le Lundy premier iour de Mars
Ie fus courre de toutes parts
Sans apprendre aucune nouuelle.

 

3. Mars.

 


Le Mardy nous receusmes celle
qu’escriuoit le Duc d’Orleans,
Laquelle ouuerte, on leut dedans
que c’estoit chose tres certaine
que la volonté de la Reyne
Estoit de fournir tous les iours
que la conference auroit cour :
De bleds vne quantité fixe,
Ny plus courte, ny plus prolixe,
Tant par iour seulement. Surquoy
La Cour voulut qu’aux gens du Roy
On eust à porter cette lettre,
Veu qu’ils estoient venus promettre
A leur retour de Sainct Germain
Bien plus de beurre que de pain,
Et des passages l’ouuerture,
Ce qui n’estoit qu’vne imposture,
Et qu’ils priroient leurs Maiestez
De faire iour de tous costez,
Et de nous ouurir les passages,
Veu qu’ils sont de dieu les images
qui ne nous les boucha iamais,
Et qui se dit dieu de la paix.
Bref, qu’ils rompent la conference
Sur cét article auec deffence

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