Saint-Julien,? [?] [1650], LE COVRRIER BVRLESQVE DE LA GVERRE DE PARIS, Enuoyé à Monseigneur le Prince de Condé, pour diuertir son Altesse durant sa prison. Ensemble tout ce qui se passa iusques au retour de Leurs Maiestez. , françaisRéférence RIM : M0_814. Cote locale : D_1_14.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 21 --


Qu’auoit escritte l’Archiduc,
Dont ie vous donne tout le suc,
Du dix Février à Bruxelle
Ie l’Archiduc vous escrits celle
Que vous rend le present porteur,
Ie suis le garand & l’autheur
De tout ce que dira cét homme,
De ce qu’il dit, voicy la somme,
L’Archiduc parle par ma voix,
Il m’enuoye offrir aux François
Vne paix qu’ils ont souhaitrée,
Et qu’on a tousiours reiettée,
Lors il se mit à dire mal
Contre Monsieur le Cardinal,
En accusant son ministere.
Et dés qu’il y plût de se taire,
La Cour dit qu’il mettroit au net
Ce qu’il a dit : ce qu’il a fait.
Et cependant dans la semaine
Qu’on deputeroit vers la Reine
Pour l’instruire de tout cela,
Et prier par ce moyen là
De ne faire pas la Normande,
Ains comme la Cour luy demande,
Et qu’à Messieurs les Gens du Roy
Elle donna Ieudy sa foy,
Prendre des sentimens de mere
Pour vn peuple qui la reuere,
Et finir vn triste blocus
Qui ne fait rien que des cocus.

 

Arriuée
de l’Agent
de
l’Archiduc.

 


Le Samedy, cent trois charettes
De bleds, & de farines faittes,
Renforcerent nos magasins,
Malgré Messieurs les Mazarins,
Ce conuoy nous vint de la Brie
Au nez d’vne trouppe ennemie,
Et fut conduit par Noirmontier,
Homme sçauant dans le mestier,
Et qui dans cette conjoncture
Garantit fort bien sa voiture
Des mains du Comte de Grançay
Où le combat fut balancé,
Mais nous eusmes victoire entiere,
Peu de nos gens au Cimetiere
Encor que le choc fust tres chaud,
Monsieur de la Roche-Foucaud
Et Monsieur de Duras le ieune
Blessez par mauuaise fortune,

 

20 Fev.

 


Ce mesme iour les Ennemis
Traisnerent canons plus de six,
Dont ils firent battre en ruyne
Le Chasteau de Monsieur de Luyne ;
Lesigny, qui le lendemain
Fut pris & tout son sain-crespin.

 

21. Fev.

 


Le Lundy la Trouppe Royalle
Fit Gribouïllette generalle
Aux enuirons de Monthlery :
I’ensuis encor tout ahury.
Piller, brusler autour de Chastre,
Battre son Hoste comme plastre
Ce sont ses pechez veniels,
Quels seront ses pechez mortels ?
En fin ayant sceu que les nostres
Qui viuoient comme des Apostres.
Venoient auec elle compter,
Elle voulut bien se haster :
Et la crainte de rendre compte
Luy fit faire retraitte prompte.

 

22. Fev.

 


Ce mesme iour les Deputez
Du Parlement s’estans bottez
Allerent par mer & par terre
Chercher la Reyne d’Angleterre,
Pour méler ensemble leurs pleurs
Et pour compatir aux douleurs
De cette Princesse affligée
Que les Anglois ont outragée,
Decollant le Roy son espoux.
Bons Dieux, ces peuples sont-ils fous
Ensorcelez, malancholiques,
Ypocondres ou fremeriques ?
Ont-ils le diable dans les reims
D’occire ainsi leurs Souuerains,
Comme ils viennent de faire à Londre ?
L’enfer les puisse-il confondre,
Mais consolez vous grand Roy mor ?
Et prenez quelque reconfort
Vostre Maiesté n’est pas seulle,
La Reyne Stuart vostre ayeulle
Eut aussi le sifflet coupé :
L’on dit que sans auoir soupé
Ce peuple en qui malice abonde
L’enuoya dormir hors du monde :
Elle est encor à s’éueiller,
Pour vous qui l’a fait sommeiller
Noble Prince illustre victime
De subjets enhardis au crime,

page précédent(e)

page suivant(e)