S. T. F. S. L. S. D. T. [1649], LE POLITIQVE BVRLESQVE DEDIÉ A AMARANTHE. Par S. T. F. S. L. S. D. T. , françaisRéférence RIM : M0_2810. Cote locale : C_8_31.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 34 --


Prions-le de tout nostre cœur,
Qu’il nous deliure du malheur,
Et qu’il nous veille proteger
Contre ce Ministre estranger,
Qui jure de perdre la France,
Si on luy oste la Regence.
Grand Dieu ayez pitié de nous,
Et nos pechez pardonnez nous :
Faites que cette tempeste,
Esclate sur la mesme teste,
Et ne souffrez que ces meschans
Triomphent de tant d’innocens.

 

 


Ayant finy là sa priere,
Vn bon vieillard qui estoit derriere,
Fit vne grande exclamation,
Pour tesmoigner son affliction :
Puis d’vne voix articulée,
En se monstrant à l’assemblée.
Ce n’est pas, dit-il, sans raison,
Que ie puis faire comparaison,
De ce regne si miserable,
A la Ligue si fort semblable ;
Que le nombre des malheureux,
Surpasse celuy des heureux.
Quand ie me represente les miseres,
Qui sont causées par ces guerres,
Ie ne voy rien deuant mes yeux,
Qu’horreur, & carnage en tous lieux.
Combien de Prouinces ruinées,
Combien d’Eglises prophanées,
Combien de prises ou sacs de Villes,
Combien de pertes de familles,
Combien de gens dans les prisons,
Combien de lasches trahisons,
Combien de places bruslées,
Combien de femmes violées,

page précédent(e)

page suivant(e)