Questier, Mathurin, dit Fort-Lys [1649], LE IOVRNAL POETIQVE DE LA GVERRE PARISIENNE. Dedié aux Conseruateurs du Roy, des Loix, & de la Patrie. Par M. QVESTIER, dit FORT-LYS. , françaisRéférence RIM : M0_1763. Cote locale : C_4_38_01.
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Qui attrapoit l’argent de nos genereux Princes,
Et qui seul deuoroit nos plus belles Prouinces ?
Qui dominoit sur tout le ieune esprit du Roy,
Qu’il estoit son Azile ; Hé grand Dieu ! Qui le croy ?
Qu’il estoit le Tymon du repos de la France,
Qu’il tenoit enserré dans sa main la balance ;
Que son esprit subtil destournoit les desseins,
Et qu’apres son conseil on n’en viendroit aux mains.
Qu’il dompteroit bien-tost la superbe arrogance
D’vn Paris, soustenu des loix de la prudence.
Enfin nous le voyons condamné desormais
De quitter nostre France & n’y venir iamais.

 

 


Ce fut durant la nuict qui commençoit le iour
Des Roys, que nostre Roy delaissa ce sejour,
Non de sa volonté ; mais bien plustost par force,
Ou du moins par l’appas d’vne subtile amorce ;
Luy mettant dans l’esprit que les Parisiens
Le vouloient mal-traitter sans espargner les siens,
Et qu’il estoit besoin pour sauuer sa personne
De quitter son Paris. Aussi-tost le Ciel tonne ;
Et d’vn vent tout à fait rude & impetueux,
Nous faisoit assez voir qu’vn Roy majestueux
N’estoit plus parmy nous ; & qu’vn conseil barbare
Nous auoit enleué vn si precieux Phare.

 

 


Le iour n’eust pas si tost paru sur l’horison,
Que les Parisiens sont saisis d’vn frisson :
Vne Panique peur s’empara de leurs ames
Qui finit tout à coup, pour faire place aux flammes
De leur iuste courroux : Puis tout soudain l’on oyt
Vn murmure plaintif que le peuple faisoit,

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