M. N. R. F. J. [1652], L’ESTAT EN TROVBLE Par le Gouuernement DES ESTRANGERS. Où l’on verra que c’est vne maladie ordinaire à tous les Estats de ne pouuoir souffrir vn Gouuernement Estranger, & que tant que nous serons gouuernez par eux; il est bien difficile que nous ayons vne bonne Paix. Par M. N. R. F. I. , françaisRéférence RIM : M0_1296. Cote locale : B_16_53.
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qui se trouue dans vn subjet naturel. Le plus
grand de tous ses soins est d’esleuer sa maison,
d’accumuler des tresors, & de faire sa retraite
quand il n’y aura plus rien à perdre dans vn Royaume.
Les Conseillers, dit Tucidide, qui sont
Estrangers ne trauaillent iamais aux choses qui
regardent le salut public, où ils ne sont passionnez
que pour leurs affaires particuliers ; ou s’ils
resoluent quelque chose pour l’Estat, c’est sans y
apporter vne meure deliberation : C’est pourquoy
le Politique les appelle negligens & interessez,
& croit que les subjets en receuroient bien
moins de graces & de biens faits que des autres.
Vn Prince, dit Tacite, instruit aux coustumes
estrangeres plustost qu’en celles de son Royaume
ne sera pas seulement suspect aux Peuples,
mais il passera tousiours pour fascheux & peu bien
faisant, & ce que cét Autheur dit d’vn Prince, il
le faut entendre égallement d’vn Ministre, parce
que bien qu’il y ait de la difference dans le caractere,
il n’y en a presque point dans le pouuoir.

 

Cette authorité de Tacite me fait passer à la
troisiesme raison qui est, Qu’vn Estranger ne
peut estre en seureté contre la deffense du Peuple,
ny contra la ialousie des Grands, si premierement
il ne se fortifie de Gardes, s’il ne dispose
des meilleures places, s’il ne change les Magistrats,



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