Lorme, J.-C. de [1649], L’APOLOGIE DV THEATRE DV MONDE RENVERSÉ OV LES COMEDIES ABBATVES DV temps present. Par I. C. D. L. , françaisRéférence RIM : M0_116. Cote locale : B_19_47.
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considerera mieux qu’il n’a fait les comparaisons de ceux qui
sont toutes riches, toutes esclatantes & toutes incomparables :
car, certes, nous deuons aduoüer qu’il ne reüssit pas moins en
cette partie qu’aux autres lieux de la Rhetorique, & que son
iugement qui est tousiours le gouuerneur de son esprit, se mesle
particulierement de la conduitte de cette figure, & ne la souffre
iamais dans les escrits qu’auec toute la proportion, & toute
la iustesse qu’il luy faut donner".

 

Voila qui estoit capable d’estouffer cette Hydre en sa naissance,
& de détromper son Autheur. Mais puis qu’elle s’est eschappée
de ses mains, pour gaster de son venin ceux qui ietteront
leurs yeux dessus, il faut que nous luy donnions la mort de bonne
heure, & que nous apportions le remede du mal qu’elle pourroit
faire dans l’imagination de quelques esprits ; qui pour estre
preoccupez d’ailleurs, se laisseroient aisément emporter au torrent
d’vn si facetieux discours, quand ce ne seroit mesme qu’il
se trouue des personnes au monde qui sont tousiours de l’aduis
de celuy qui parle le dernier, & qui trouue ordinairement les
dernieres raisons les meilleures.

Et pour ne tenir plus long-temps les esprits en attente, & ne
laisser rien en arriere, nous ferons nostre entrée par l’endroit mesme,
que l’autheur de cette non moins plaisante qu’ingenieuse
Comedie a fait de son Prologue, où il faut remarquer d’abord que
l’Acteur du Prologue, ayant à combattre, & luy porter le premier
coup, n’ose pourtant pas leuer les yeux pour le considerer en face :
Mais il marche d’vn pas hardy contre son second, ie veux dire
contre celuy qui a entrepris sa deffence dans cette Apologie, que
ce grand faiseur de Comedies a commencé d’entamer par la
fin.

Sans chercher des raisons inutiles, on void que c’est vn autre
qui a posé ses loüanges dans son Apologie, l’Autheur qui l’a composée
se trouue signé au bout de l’Epistre dedicatoire, & nostre
Autheur ne sçauroit empescher que la bouche & les mains de ses
amis ne publient en diuerses façons ses loüanges, s’il falloit qu’il
prist querelle contre tous ceux qui loüent ses ouurages, & qui
font estat de son bien dire (comme il semble que veut nostre Comique)
il faudroit qu’il eust sans cesse l’espée en main, & le poignard



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