La Colombière, Marc de Vulson de [?] [1649], LE MOVCHARD, OV ESPION DE MAZARIN. , français, latinRéférence RIM : M0_2510. Cote locale : C_6_29.
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LE MOVCHARD, OV ESPION
de Mazarin.

DEPVIS la derniere lettre que i’escriuis à V. E il
s’est passé à Paris plusieurs choses assez remarquables :
& il faut que i’auouë, que ie ne
sçay presque par où commencer pour vous en
rendre vn compte exact, mais afin de ne vous estre pas
importun dans ce temps, où sans doute vous ne manquez
pas d’occupation ; ie choisiray les plus importantes
particularitez, pour vous faire voir comme dans vn miroir,
le miserable & honteux estat où ie vous trouue reduit, &
pour vous obliger à songer de bonne heure à vostre conscience,
puisque vous n’auez pas assez tost songé à la seureté
de vostre personne, & de vostre vie, lors que vous en
auiez les moyens faciles : car puisque ie me suis engagé à
vous escrire, & à vous découurir fidellement tout ce qui
se passe & qui se dit contre vous (encore que ie sois presque
asseuré que les promesses que vous m’auez faites de
me recompenser s’en iront en fumée, & s’exalleront cõme
toutes celles que vous auez faites à vn nombre infiny
de gens d’honneur) ie vous diray pourtant, que le plus
grand estonnement des plus habiles Politiques, est de
voir que V. E. sçachant fort bien, qu’elle est la seule cause
de tous les maux que la France souffre à present, elle n’ait
pas eu la sagesse, ou plustost la bonté de les faire cesser
par son éloignement ; & qu’ayant toutes les obligations
à ce Royaume de vostre Grandeur, & de vostre prodigieuse
& excessiue fortune, vous n’ayez pas eu assez de
generosité pour vous sacrifier pour son repos, & que vous



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