I. L. [signé] / Labbé, Jacques [?] [1649], LE FIDEL DOMESTIQVE A MONSEIGNEVR LE DVC D’ORLEANS, SVR LES AFFAIRES de ce Temps. , françaisRéférence RIM : M0_1386. Cote locale : A_3_63.
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de ses services il ueult estre Cardinal,
il aura toûjours la migraine si on ne luy donne
un Chappeau, & pour luy imprimer une bonne
teinture, il ueult à l’jmitation du Cardinal de
Richelieu qu’il soit trempé dans le sang de deux
millions de François. C’est pour ce sujet qu’il mit
il y a trois mois la discorde entre V. A. R. & Mr.
le Prince, & c’est pour la mesme cause qu’il uous
a conseillé de quitter Paris, parce que le Cardinal
Mazarin l’asseure que son affaire est faicte
partant qu’il ait le pouvoir de uous attirer à son
party. Que la France seroit heureuse, si uous luy
abandonniés ces deux mauuais démons, elle meneroit
apres tant de tourmens une vie si douce
& si tranquille, que son bonheur seroït envié de
tous les Peuples de la terre. Considerez Monseigneur
que uous feriez vne action dont on parleroit
tant que nostre Monarchie subsisteroit, c’est
à dire, iusqu’à la fin des siecles, que vous éteindriez
le feu qui va embraser toute la Frãce, & que vous
seul maintiendriez le Royaume de nostre ieune
Monarque, qui est sur le poinct d’vn estrange reuolution.
Prenez la peine de faire reflexion sur
l’estat present des affaires : Regardez en quelle
confusion est la Prouence, l’on a saisi les Galeres,
on s’est asseuré de la personne de Monsieur le
Gouuerneur : en sorte que l’Espagnol profitant
de nos diuisions peut venir rauager toute cette
belle Prouince. La Picardie a pris les armes, on a


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