Dubosc-Montandré, Claude [?] [1652 [?]], L’ESCVEIL DE LA ROYAVTÉ OV LA POLITIQVE DV CONSEIL, OV L’ON verra dans vn raisonnement pathetique, I. Que le Conseil nous fait apprehender le retour du Roy, lors que nous le desirons auec passion; & qu’il veut le faire reuenir en Tyran, lors que nous demandons qu’il reuienne en Roy. II. Que le Conseil fait apprehender ce regne, en ce qu’il ne veut point que le Roy relasche mesme dans les choses qui sont les plus contraires à l’auantage des peuples. III. Que le Conseil fait mépriser le Roy; en ce qu’il le fait parler fiérement, lors mesme qu’il n’a pas assez de force, pour faire vouloir ce qu’il veut. IV. Que le Conseil fait agir le Roy; non pas pour establir les interests de la Royauté, mais pour establir les interests de ses Ministres. V. Que le Conseil semble degrader le Roy, en ce qu’il le fait agir en Subjet ambitieux, qui veut s’establir par complot, & par intrigue. Par le Sieur D’ORANDRÉ. , françaisRéférence RIM : M0_1183. Cote locale : B_2_33.
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l’estenduë de leur passion ; Ils ne les portent enfin
à quelque dangereuse extremité qui n’aura plus de
resource.

 

Les Roys sont tout puissans, il est vray, ils sont
absolus, ils sont independans, ils sont Souuerains :
Mais comme leur independance n’est qu’vn pur
effet de la soumission des peuples, il est a propos
qu’on leur apprenne de bonne heure à n’estre pas
trop souuerains & trop independans dans leur
opinions particulieres, & à croire que la passion
leur peut bien souuent faire auancer, ce que la raison
leur fera retracter puis apres s’ils ne veulent
regner en Tyrans.

Les Roys, quelques Souuerains qu’ils soient ne
sont pas moins subjects à leurs passions que les
moindres de leurs subjects : Ils peuuent s’aheurter
à leurs caprices par opiniastreté, plustost que par
vn principe de raison : Mais s’ils veulent regner en
Roys, il faut necessairement qu’ils renoncent à ces
attachemens d’opiniastreté, lors qu’ils sont generallement
choquez par la voix publique ; Et qu’ils
digerent politiquement le desplaisir de n’auoir
peu executer ce qui deuoit estre contrequarré par
toutes les oppositions, ou par toutes les inclinations
de leur Estat. Les Roys peuuent beaucoup,
mais les peuples peuuent encor d’auantage, puis
qu’ils peuuent destruire les Roys : La complaisance



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