Du Tillet [signé] [1652], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES PAR ESCRIT FAITES ET PRESENTEES AV ROY PAR MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS EN LA VILLE DE SVLLY SVR LOIRE, CONTRE LE RETOVR ET POVR l’esloignement ou la punition du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3841. Cote locale : B_13_31.
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posterité voye dans les monumens publics iusques où s’est portée
nostre fidelité pour vostre seruice.

 

N’ayant point estimé qu’il Nous fust loisible de demeurer seulement
spectateurs de la desolation qui menace vostre Royaume ;
Nous vsons de ces mots, non par vne simple prevoyance, mais par
vne connoissance éuidente, qui Nous fait voir que Monsieur le Duc
d’Orleans & tous les Princes de vostre Sang ont pris les armes pour
empescher qu’vn homme incapable ne s’empare de vostre Personne
& de vos affaires, pour mettre vostre Royaume en proye & rendre
vos Sujets les plus mal-heureux de la terre.

Ayez agreable, SIRE, que nostre fidelité vous donne aujourd’huy
des preuues de son zele & de sa fermeté. Nous ne les pouuons
rendre plus certaines qu’aportans à Vostre Majesté la verité, qui est le
plus riche & le plus vtile present que les Sujets puissent faire à leur
Souuerain. Sur tout, si cette verité vous retire non seulement des
apparences qui vous surprennẽt, mais du peril qui vous menace. Cette
consideration qui Nous touche si sensiblement, en mesme-temps
releue nos courages pour les porter à la recherche d’vne gloire, de laquelle
dépend celle de nos charges. Nous la perdrions, SIRE, si Nous
dissimulions plus long-temps ce que nous auons condamné en la
conduite du Cardinal Mazarin, & si ayant jugé apres vne serieuse deliberation,
qu’il est indigne d’estre aupres de vostre Personne, qu’il est
d’vn pernicieux exemple dans vostre Cour, & qu’il est incapable de
gouuerner vos affaires ; Nous ne supplions tres-humblement Vostre
Majesté de faire les reflexions necessaires sur les choses que nous
auons à luy representer.

Nous commencerons par la plus importante, & qui touche plus
viuement nos cœurs, à sçauoir, par le soin que Dieu commande d’auoir
pour vostre sacrée Personne. A cet effet qu’il vous plaise esloigner
le Cardinal Mazarin pour plusieurs considerations, principalement
parce qu’il est homme sans foy, & qui veut establir la perfidie
par des maximes abominables, dont les autheurs doiuent estre escartez
d’auprez les personnes des Roys, veu qu’elles tendent à dissoudre
l’vnion qui doit estre entre le Prince & ses Sujets ; & par consequent
vont à la destruction des Monarchies, estant impossible
qu’elles se conseruent si on rompt les liens de la societé ciuile, & se
priuent des moyens de maintenir le credit parmy ses amis & de se reconcilier
auec les ennemis. Nous dirons dauantage, que si par vne
corruption generale la verité & la bonne foy se trouuoient bannies de
la conuersation & du commerce des hommes, les Princes seroient



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