Du Tillet [signé] [1652], TRES-HVMBLES REMONSTRANCES PAR ESCRIT FAITES ET PRESENTEES AV ROY PAR MESSIEVRS DV PARLEMENT DE PARIS EN LA VILLE DE SVLLY SVR LOIRE, CONTRE LE RETOVR ET POVR l’esloignement ou la punition du Cardinal Mazarin. , françaisRéférence RIM : M0_3841. Cote locale : B_13_31.
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Sur l’aduis de cette entre prise nous fusmes obligez d’aller au deuant
des mal-heurs qu’elle pouuoit produire, & resolumes de faite tres-humbles
Remonstrances à Vostre Majesté, qui ne tendoient qu à representer
les inconueniens qui arriueroient, & qui en effet ont suiui le
mespris de vos Declarations, que nous tenions pour loix inuiolables.

Nous eusmes grand sujet de ioye, SIRE, lors que Vostre Majesté
nous fit entendre par sa Lettre ses intentions de maintenir ses
promesses Royales, nous asseurant qu’elles ne seroient iamais violées,
Mais bien tost apres l’estonnement nous saisit, lors que Monsieur
le Duc d’Orleans nous fit l’honneur de nous dire que le Cardinal
Mazarin estoit dans Sedan, & auoit fait amas de gens de guerre
pour aller trouuer Vostre Majesté, sans qu Elle nous eust faict la
grace de nous faire sçauoir ses volontez sur vn sujet si important.
Nous ne pouuions croire qu’Elles fussent portées à rappeller celuy,
contre lequel vos Declarations & les Arrests de vostre Parlement
subsistoient, confirmées par la Lettre, que nous venions de receuoir
de Vostre Majesté.

A la verité, SIRE, Nous auions bien de la peine à nous persuader
qu’on eust pû abuser de vostre signature, jusqu’à la faire seruir
en mesme-temps à deux choses si contraires : l’vne d’asseurer que le
Cardinal Mazarin demeureroit pour iamais exclus de vostre Royaume,
l’autre de l’approcher de vostre personne. Vostre Parlement la
respecte trop pour douter de la sincerité de vostre escrit, l’asseurance
que Nous en auions Nous porta à donner l’Arrest du 29. Decembre,
ayant iugé que ce remede estoit necessaire pour arrester vn mal-heur
extreme, & qu’il n’y auoit point de plus forte barriere pour fermer le
passage au Cardinal Mazarin, que de luy donner aprehension de sa
vie, estant permis d’en vser de la sorte contre les perturbateurs du repos
public, qui se couurent de la puissance contre la Iustice : sur tout
lors que nous deuions croire que le progrez du Cardinal Mazarin
dans vostre Estat estoit vn pur attentat, contre vos defenses & plustost
le tesmoignage de son desespoir, qu’vne execution de vos ordres ;
personne ne pouuant s’imaginer qu’il fust capable de vous surprendre
par les importunitez de ceux qui solicitoient son retour pour
leurs interests particuliers, au preiudice de ceux de vostre Estat.

Nous n’auons apris, SIRE, que par le rapport de nos Deputez
le changement de ces resolutions, qui remplira d’estonnement l’Europe
comme ella a desia fait toute la France, & Nous a obligez à donner
Arrest que tres-humbles Remonstrances seroient faites par escrit
à Vostre Majesté pour la descharge de nos consciences, & que la



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