Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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qui le perd ? ô la sche Escriuain que vous l’entẽdez mal, de mentie !
ô interessé Iuge que vous auriez bien fait, de ne Iuger
pas la verité ! ô aueugle cenceur que vous eussiez bien reussi
de ne fulminer point contre celuy qui attaque tous les partis,
sans auoir d’autre visée que la gloire de Dieu, & non pas le dessein
de se mettre vitieusement en faueur, en soustenant mal
quelque costé, comme vous auez voulu faire par caprice
contre la raison. Certes le Parlement, les peuples & les Princes
vous sont beaucoup obligez, puis que vostre meschant
repos rend les vns si contens, & met les autres à la veille
d’vn si grand bon-heur ! comme au contraire, le Senat, leurs
Altesses, & le peuplic n’auront pas bien de l’obligation à vn
iuste qui les arguë à tous pour leur profit ! vous vouliez par le
mensonge acquerir la bonne grace, de tous les partis, en les
flattant, & pour cela chacun vous doit abhorrer, parce que
vous les perdez : au contraire ie veux en disant la verité, m’attirer
la malediction de chacun, au moment que ie les pique,
mais tous me beniront, s’ils suiuent mon conseil, parce que ie
les àuray sauuez. Et plust à Dieu, que la Regente, le Duc
d’Orleans, Beaufort, le Coadiuteur & autres, connussent sans
passion l’importance de ce que ie leur dis, afin de se donner
garde du Mazarin ! au lieu de m’exposer au supplice, par ce
que ie les tance, ils me cacheroient dans leur sein, afin de m’en
remercier ; car quoy que ie leur sois rude, qu’ils sachent que ie
n’ay aucune particuliere animosité contr’eux, au contraire, ie
leur ay de l’obligation, sur tout à sa Majesté Regente, & à Monsieur
le Coadjuteur : Ie pretends les reconnoistre en leur disant
la verité. Il fait bon estre contristé, pour estre bien réjouy.
La bonne tristesse opere penitence, c’est pour quoi elle ne confond pas ;
& la mauuaise ioye presomption, à raison dequoy ie fais bien de vous
mortifier, voyant que vous vous oubliez. Hors de ce rencontre, auquel
Dieu m’oblige de luy obeïr, sans rien craindre, i’aurois
esté marry de toucher à leur moralle reputation ; mais voyant
que Dieu les endurcit comme à Pharaon, en ne permettant
pas qu’ils se reconnoissent, pour les laisser inueterer, ie leur represente
que le dernier terme de la diuine patience s’épuisera
au moment de leur derniere malice, apres laquelle le Tout-puissant
mesurera iustement les coulpables, de la façon qu’ils


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