Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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l’eternité, lequel Dieu vous enuoye par cette letre de cachet : &
rejettez ce Sathan que Mazarin vous adresse par ses missiues,
lesquelles ternissent la gloire du Roy, en portant son nom.

 

Comme vn enfant s’encline vers la mammelle de sa mere
pour se fortifier de son laict ; ainsi Dieu s’épanche vers moy,
& moy vers vous, afin de vous rendre genereux, auec les vapeurs
de son sein. Mais comme la fumée d’vne ardente fournaise
monte à coudées retorses, afin d’infecter la plage, ainsi
le Demon s’écoule dans le Cardinal, & de luy dans vos entendemens,
pour vous corrompre auec ses paquets.

N’ayez pas peur de Mazarin, craignez Dieu : discernez bien
les esprits, apres que ie vous auray serenisé le iour : ne prenez
pas le change en vous flattant : le bon & le mauuais se combattent
dans vos ydées, quand vous receuez indifferemment
les idiomes des caracteres qu’on vous graue sur vn papier :
par ce que quand le Diuin s’est emparé de vostre cœur, par la
veuë d’vne bonne piece, & que le Demon l’en veut chasser,
afin d’en prendre la place, par la lecture d’vne méchante, ces
deux contraires directement opposez, ne peuuent compatir
en vn mesme sujet, parce que chacun en veut estre le
Maistre absolu, c’est pourquoy il vous faut vistement resoudre
de retenir l’vn ou l’autre (sans les faire tant combattre dans
vos intelligences) & par consequent de chasser Belial, qui se
presente tous les iours à vous, par les ordres de Mazarin, ou
Iesus-Christ, lequel vous est offert auec la pluye dorée de ces
veritez. C’est vne chose qu’il vous faut necessairement faire ;
parce que vous ne pouuez pas seruir aux méchans Ministres, &
aux bons peuples, au Demon, & à Dieu, à cause qu’ils ne peuuent
compatir. Encore vn coup, discernez bien les Esprits, &
apres auoir auec cette pierre de touche, rejetté le méchant
& esleu le bon ; vous verrez de quelle benediction Dieu vous
felicitera.

Apres ce discours ie vous aduertis, pour clorre tout cecy
(souuenez-vous en bien) que si vous auez quelque ordre il
viendra du Tout-puissant, mal-gré* ceux qui demandent la
paix des levres, & qui la haïssent de cœur. Glorifiez-le de ce
qu’il fera en vous, & gardez-vous en le profit : sur toutes choses
il veut que vous ne luy rauissiez pas l’honneur de ce qu’il



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