Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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pas recouuerte sans cela, Vous ne la recouurirez point
sans cecy.

 

Ayez vn mesme sentiment entre vous, & considerant le
pauure peuple de la France, comme vne mort qui traisne sa
miserable vie sur la terre, prenez-en compassion, & le soulagez.

Senat, Senat, c’est assez dormy, l’horloge sonne, c’est à cette
heure qu’il vous faut réueiller du sommeil : tout le Ciel
vous conuie à vous piquer de generosité. Receuez ce Verbe,
& suiuez les mouuements du diuin Esprit : Ne soyez pas
des dures roches à la voix de Dieu, ny de ces chemins battus
à tous les mauuais esprits, encore moins de ces miroirs trauersez,
qui reiettent vne image diuine, en la presence d’vne diabolique ;
mais soyez vne bonne terre, afin d’apporter de bon
grain. Il est temps de mettre la main à la charruë, sans regarder
derriere soy. Il n’est pas icy question de vous amuser auec
des termes bien enjoliuez, ny de vous rauir auec des beaux
traits d’Orateur ; Mais il est expedient de vous persuader qu’il
faut faire vn coup qui soit le coup de tous les coups pour renouueler
l’Estat. On vous l’a assez écrit, mais vous n’auez pas
assez fait. Faites donc dauantage, afin qu’on n’écriue pas tant.
Aux plumes faites succeder les canons, & apres l’affreuse Belonne,
vous serez possesseurs de la delectable paix. Si vous
laissez suranner le delay, Dieu ne vous donnera pas la grace
de le pouuoir quand vous en aurez le desir.

Et voulez-vous tout perdre, diront les gras Partisans des Villes ?
& vous auez tout perdu, répondent les pauures peuples
de mille bourgs qu’ils ont desolez : maison neufue, maison
neufue, on ne peut guérir l’vlcere qu’en l’incisant. Il faut se
dépoüiller du viel homme de Mazarin, afin d’auoir le repos
par vn bon nouueau François.

Ne vous amusez pas tant aux belles, comme aux bonnes
choses, ny aux éclatantes lumieres, ainsi qu’aux profitables
chaleurs : Si neantmoins la beauté & la bonté se trouuent par
ensemble, ie ne vous oblige pas de les rejetter, ains vous conseille
de choisir la bonté, plutost que la beauté, si elles sont distinctes,
& que vous les eslisiez toutes deux, si elles se rencontrent
en vn mesme sujet. Ie veux dire par cecy, qu’apres auoir
veu les pieces équitables qu’on vous enuoye, pourueu qu’elles



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