Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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Nous n’embrasserons iamais aucun injuste party, quoy que
de deux mauuaises causes nous soustenons celle qui a plus de
droict. La penitence change l’vne en bonifiant vn illustre pecheur :
& la perseverance au mal inuetere l’autre, en peruertissant
vn superbe criminel.

Vous auez fait déchirer Messieurs les Princes par le passé, &
vos Scribes suiuent à present les traces de ceux qui les ont defendus.
Dans le libelle intitulé Bons Avis sur plusieurs mauuais
Auis, Vous faites exclamer vostre scribe, en se moquant : ô
estrange chose, dit-il, que Vincennes aye pû faire vn si subit
changement, d’vn Prince qui s’offre de defendre Paris, & qui
l’a n’aguéres voulu destruire en bataille rangée tout autour !
& dans la lettre écritte au Mareschal de Turenne, Vostre Farisien
dit tout de bon, que chacun admire sa vertu : ô estrange
changement, dis-ie, à cet heure est-il possible qu’vn coup
de plume vous fasse publier comme vn Ange, celuy que vous
auez quinze iours auparauant fait de peindre comme vn Demon
il faut que ie m’exclame aussi, afin de vous attirer sur
la teste, au moment que vous le louëz, la benediction que
vous auez encouruë, à l’heure que vous l’auez blasmé.

Et puis que d’vn costé vous faites sçauoir qu’on se donnast
bien garde de le faire sortir, puisque c’estoit vn Lyon furieux
qui pourroit nuire : de l’autre la Princesse, sa Mere, vous le demande,
puisqu’en faisant écrire au Mareschal de Turenne,
vous asseurez le monde de sa vertu : il n’y a plus de danger, puis
qu’il est par vostre moyen conuerty : Vous cachez l’inuisible
ameçon de la médisance, sous l’apparemment bel appas de les
honorer : Vous piquez en adoucissant, mais pour cela vos
morsures n’ont rien de doux : Vous estes venu, sans changer
de nature, de visible, inuisible calomniateur : Vous n’auez fait
que cacher vos griffes de fer, sous des pattes d’or, ou pour
mieux dire, vous retirez comme le chat, des ongles persantes,
afin de les enfoncer plus viuement iusques aux os. Pour cela
vous attachez le vitupere, à la loüange que vous leur donnez,
par ce que vous ne sçauriez pratiquer la vertu que vicieusement.

Voylà ce que i’auois à vous dire, pour répondre auec la raison,
à la nouuelle Theologie que vous debitez.



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