Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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mais le salaire ne se donne qu’à ceux qui enseignent ce qu’ils
font ; c’est pourquoy vous serez rigoureusement puny de prescher
mal, & mal recompense de ne faire pas bien.

 

Ne nous portez plus vne doctrine de laquelle vous n’avez
iamais fait digestion (comme vous faites en la lettre escrite au
Mareschal de Turenne) parce que vous pechez contre le Sainct
Esprit, d’étaller des passages que vous combattez en les alleguant.

Pour vous transformer en Ange de lumiere avec les parolles
des Sainctes Escritures ; vous n’en estes pas moins Demon,
ny pour en faire vn long narré, plus Diuin.

Ces citations vous sont seantes, comme à vn Singe vn pourpre
Royal : ou pour mieux dire vous les illustrez en les exposant,
ainsi que les tenebres la lumiere, & vn contraire son opposé.
Mais i’ay tort de vous attaquer là-dessus, c’est pourquoy
ie m’en repens ; parce que vous ne produisez pas ces fleurs des
Saincts cayers, comme les ayant experimentees vous mesme :
Mais suiuant le recit de S. Augustin & de Sainct Hierosme que
vous alleguez. Ainsi les mulles portent de bons viures & de
belles pierreries, sans en gouster ny s’en embellir ; comme vous
faites les exemples des Saints, sans les suiure ny pratiquer. Ce
stil duquel vous-vous parlez si licentieusement appartient aux
Colombes du Verbe, & non pas aux Vautours qui escriuent
pour vous ; parce qu’il est contre vostre nature, & qu’il leur
conuient : C’est pourquoy vous-vous attirez mille anathesmes,
de poliguamiser ainsi auec la pieté de Dieu.

O que nous serions contente si le caractere de ces Saincts
que vous cités dans cette lettre escrite au Mareschal de Turenne,
estoit imprimé dans vostre vie comme sur le dos de vos escrits !
vous seriez felicité de nostre plaisir, mais vous ne nous
voulez pas donner cette satisfaction ; parce que vous seriez
reellement iuste dans l’ame, au lieu que vous ne l’estes qu’en
peinture sur vn papier.

Ie retire ma pointe, parce que vous tireriez vanité de me la
faire redonder, quoyque, par la grace de Dieu, cela ne vous
reüssiroit pas, à cause que nous-nous pouuons vanter, sans orgueil ;
de faire ce que nous preschons, & de prescher ce que
nous faisons.



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