Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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qu’il n’est pas aussi meschant que cét homme de bien, & aussi
homme de bien que ce meschant ? qu’il le persuade à d’autres,
mais non pas à nous, à cause que nous sommes par la grace de
Dieu, aussi clair-voyant qu’il est tenebreux, & plus dans la connoissance,
qu’il n’est ignorant.

 

Accuserez-vous davantage le Ministre de n’estre pas liberal ?
apprenez, ville capitale de la France, qu’il ne le sera que trop,
quand le vice l’obligera de pratiquer la vertu.

S’il vous paroist foible, ne le negligez point pour cela, car les
Princes ne sont en prison, que pour avoir trop presumé d’eux, &
ne s’estre pas assez desiez de Mazarin.

Prends garde Paris, que si tu luy abandonnes les Provinces
sans rien dire, qu’elles ne se réjouyssent, quand il tournera les
armes contre toy, sans te secourir. Il voit par où il t’a failly la
premiere fois, mais s’il recommence vne autre attaque, il te sera
impossible de la repousser. Il n’avoit pas vne ville de refuge, si tu
l’eusses pour suivy, quand il entreprit de te faire mourir de faim,
mais à present, il est maistre de tous les forts, qui luy estoient
alors ennemis. Vn seul luy est opposé, lequel estoit alors pour
luy ; mais parce qu’il est transferé du bois de Vincennes, il ne luy
pourroit fermer la porte de ce chasteau, afin que tu en fisses ta
proye, si tu luy courois apres par les champs l’épée à la main.
Ceux qui estoient ses ennemis mortels, le defendront, au contraire,
dans ta cité : Ils prenoient plaisir qu’on dit iadis la verité contre
le Prince, alors qu’il soustenoit Mazarin, pour le decrediter :
& ils se fachent maintenant de ce qu’on leur annonce, par ce
qu’ils luy servent d’apuy, à la haine du public.

Prends garde derechef, Paris, de ne te laisser pas boucher les
passages. Previens plustost le Cardinal que d’en estre prevenu.
Eslis de tes corps vn homme courageux, pour ton chef, & ne te
fie plus à des mercenaires, lesquels demandent plustost la bourse,
que l’occasion de combattre pour toy. S’ils te refusent cinq
sols de bonne paye, c’est pour t’en affronter mille contre la raison :
mais au lieu d’en bailler cinq cens à de telles personnes ; ne
leur fais pas toucher vn seul denier. Ce n’est pas que ie ferme les
portes aux fruits qu’on doit recueillir de la vertu, tant s’en faut,
ie dis que chacun en peut perceuoir, mais non pas vicieusement.
Ie ne tasche de frustrer des salaires, que les fins Renards, lesquels



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