Davenne, François [?] [1650], LETTRE PARTICVLIERE DE CACHET envoyée par la REYNE REGENTE A MESSIEVRS DV PARLEMENT. Ensemble vne response à plusieurs choses, couchées en la Lettre envoyée au Mareschal de Turennes, & aux avis donnez aux Flamans. , françaisRéférence RIM : M0_2250. Cote locale : C_3_9.
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carreau, pour empescher qu’on ne luy puisse faire teste, & mis
tous ses Subjets à l’Hospital, par les espouuantables tyrannies
dont il les fait vexer, afin de faire en sorte qu’il n’en aye aucun
secours ?

 

Secondement, ne tient-il point quantité des forteresses de
cette Monarchie, & n’y à-il point mis des Gouuerneurs à sa poste,
pour fermer & ouurir les passages quand il voudra, & à qui
il luy plaira ?

En troisiesme, lieu, les Princes ne sont-ils pas ses Esclaues
dans vne prison, desquels il se peut défaire par le fer & les empoisonnemens,
quand il dira à ses bourreaux, ie veux ; & n’a-il
point le Roy & le Duc d’Anjou apres sa queuë pour en faire vn
sacrifice à son ambition, quand il sera en cela, comme en toutes
les autres choses, tenté du malin esprit ?

Et quatriesmement, n’a-il pas des millions d’or qui suffiroient
pour acheter vne Monarchie, l’interest desquels, suiuant les visibles
volleries qu’il a faites, luy donneroit plus de rente que le
Domaine des Roys, n’y que les Tributs qu’ils leuoient anciennement
sur les peuples ? du seul reuenu de ses rapines, quoy qu’il
fasse grossierement le pauure, avec vn semblant d’engager sa
vaisselle, ne peut-il point entretenir vne perpetuelle armée dans
l’Estat, sans diminuer son fonds ?

Qu’à-t’on à m’objecter à ces quatre chefs ?

Au premier, que les Peuples & le Monarque peuuent estre
bien-tost fortifiez pour perdre Iulles Mazarin, quand il seroit
mille fois plus puissant ? Ie l’avouë d’vn costé, pourueu qu’on se
dépesche : & le conteste de l’autre, si on luy donne trop de temps
à se fortifier : parce qu’il affoiblira les peuples, par les extorsions
qu’il continuë ; & le Roy, en ne luy laissant que les os & la peau.

Au second, que ceux qui tiennent les places fortes par l’ordre
du Ministre, n’auront pas l’asseurance de se bander contre leur
Roy ? il y à quelque apparance : mais on n’en est pas trop certain ;
parce que Mazarin n’y à point mis des hommes qui ne soient à
luy. On ne se doit pas plus asseurer à de tels Gouuerneurs, quoy
qu’ils soient dans les forteresses au nom de sa Majesté, Que le Senat
de Rome en ceux que Iules Cesar mit dans les Gaules & les
Allemagnes qu’il conquit au nom de la Republique Romaine.
Et quand d’ailleurs vn homme ne pourroit pas s’imaginer d’aucun



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