D. VV. [1649], LE HERAVLT FRANCOIS, OV LE PARANYMPHE DE MONSIEVR LE MARESCHAL DE LA MOTHE-HOVDANCOVR, Duc de Cardone, &c. Publiant les Batailles qu’il a données en Italie & Catalogne, auec les memorables actions de sa vie. , françaisRéférence RIM : M0_1624. Cote locale : A_3_68.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 13 --

Cazal, pour lequel la necessité forçant le Comte de Harcour à donner
bataille, il luy donna l’aile gauche à commander : mais ayant
trouué de grandes difficultez à l’attaque que la droite deuoit faire
aux lignes, il reuint à gauche, prit six Regimens d’Infanterie qu’il
y auoit laissez, & les mena combatre à la droite. Iusques-là l’on n’auoit
point veu d’exemple que la Caualerie seule eut gagné des retranchemens :
Neantmoins ce Capitaine exploita tant heureusement
auec la sienne, que s’estant ouuert vn passage, il ne contribua
pas peu de chose à cette memorable victoire, qui conserua Cazal, par
la ruine de la meilleure partie des forces Espagnoles : l’ordre qu’il tint
pour cette attaque fut celuy qui suit :

 

Il auoit esté reconnoistre les lignes d’vne colline qui les decouroit,
auoit fait voir à ses Officiers l’endroit par lequel il deuoit entrer, &
tout d’vn mesme temps vne cassine aupres de laquelle il leur auoit
ordonné de se ioindre incontinent qu’ils seroient entrez : Si tost que
ces remarques furent faites, il commanda le sieur de la Luzerne auec
trois Regimens pour attaquer vn gros de Caualerie, qui gardoit l’eminence
S. Georges, alla cependant à la teste de trois Regimens qui
luy restoient, chercher vn en droit par lequel vn homme à cheual
pourroit entrer sans difficulté, fit passer par là cinquante Maistres
conduits par Lonay Lieutenant, & Granval Cornete : Et dautant
que ceux qui gardoient les lignes, se mirent en estat de les conseruer,
il fit donner si brusquement par tous ceux qui l’accompagnoient, que
les retranchemens estans emportez apres vne resistance assez vigoureuse,
la retraite de ceux qui fuyoient, donna tant d’épouuante à
quelques Escadrons qui venoient pour les appuyer, que ce Capitaine
ayant ioint le sieur de la Luzerne à la cassine designée, il luy fut facile
de batre & mettre en route tous ceux qui se presenterent de son costé.
Les Ennemis n’estans pas sans quelque esperance de se sauuer
par le moyen de trois grands bateaux qui se trouuoient dessus le P[1 lettre ill.],
il s’y en ietta grande quantité pour gagner l’autre bord de cette riuiere ;
mais ce ne fut que pour augmenter leur mal & leur perte car
ayant fait couper les cordes, ces vaisseaux trop chargez enfoncerent,
& ce naufrage estant ioint au grand eschec que fit sa Caualerie, tant
pour empescher tous les ralliemens que pour la poursuite des fuyards
qui furent tallonnez iusques à Pondesture, la perte des Ennemis se
trouua grande de ce costé-là : Il y gagna quantité de Cornettes & de
Drapeaux, huit canons, six mortiers, l’argent destiné pour le payement
de toute l’Armée, & fit seize cens prisonniers.



page précédent(e)

page suivant(e)