Catalan [signé] [1649], L’ADIEV DV SIEVR CATALAN, ENVOYÉ DE S. GERMAIN AV SIEVR DE LA RAILLERE DANS LA BASTILLE. , françaisRéférence RIM : M0_43. Cote locale : A_3_57.
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que par consequent vous, ny moy ne l’auons iamais
deu porter, quelque estroite confederation qu’il y ait
eu entre nous : mais pour moy qui tiens que l’amitié
n’est qu’vne bien-veillance reciproque, fondée sur la
sympathie du temperament, & des mœurs bonnes
ou mauuaises, ie croy que nostre correspondance peut
bien estre qualifiée de ce titre. La foy se garde parmy
les voleurs, & ils obseruent dans le partage de leurs
rapines la iustice qu’ils ont violée, dans le dessein
mesme de les executer. Vous sçauez, mon cher Confrere,
auec quelle sincerité nous auons entretenu nos
paroles, & que la fraude a esté bannie de nos commerces,
quant à la distribution du gain, de vous dire
qu’il fut licite, ie ne croy pas qu’il faille maintenant
dissimuler à vn homme qui est arresté, i’aduoüe qu’il
ne l’estoit pas, mais il y a certains crimes que tout le
monde approuue pendant la mode, & que tout le
monde condamne quand elle est passée. C’estoit vne
chose bien douce que de gangner vn million par vn
aduis, & vn traité, ces profits immenses aiguisent fort
les esprits, & font naistre des inuentions aux plus stupides.
Ie ne puis songer aux comptans, acquis patans,
ordonnances pour affaires secretes du Roy, tailles en
party, & generalement aux prests, maletostes, exactions,
gabelles, subsides, impositions, & monopoles,
que ie n’enrage de bon cœur de voir l’estrange
bouleuersement des affaires. N’y auoit-il pas du plaisir
d’aller trouuer son Eminence, & de luy dire, Monseigneur,
nous auons découuert vn moyen d’auoir


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