Brousse, Jacques [?] [1649], LE THEOLOGIEN POLITIQVE, Piece curieuse sur les affaires du Temps, pour la defense des bons François. , françaisRéférence RIM : M0_3772. Cote locale : C_10_31.
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qu’ils fussent coupables de crimes horribles & abominables,
pourueu que parmy eux il se trouuast dix iustes, pour l’amour
desquels il retireroit ses vengeances, & ne les consumeroit
point, comme il fit, par le feu & par le souffre ; Mais helas ! la
Theologie de ceux qui nous attaquent, fait bien le contraire ;
car pour cinq ou six, que tres-iniustement ils qualifient iniustes,
ils veulent perdre & faire mourir par la guerre & par la famine
(qui sont les plus rudes chastimens dont la cruauté des hommes
se puisse seruir) six millions de personnes innocentes, qui gemissent
à present sous ces deux fleaux ; & qui rendans le bien
pour le mal, prient sans cesse Dieu pour ceux qui leur courrent
sus ; & qui au lieu de les proteger, comme fideles subiets, tâchent
de les destruire, comme s’ils estoient les plus barbares
Mahumetans.

 

Si les gens de bien pouuoient aborder la Reyne, & que mille
flateurs qui empoisonnent sans cesse son cœur & ses oreilles, ne
tinsent la verité enchaisnée : il se trouueroit assez de bons François
qui parleroient hardiment à sa Maiesté, & qui luy fairoient
voir l’horreur des honteux precipices, & la ruine certaine ou
ces ames perfides poussent sa personne, sa reputation, son autorité
& son ame : L’on luy fairoit connoistre qu’il y a beaucoup
plus de iustice & de gloire, de conseruer pour son fils, Paris & le
reste de son Royaume, dans le lustre & la grandeur ou il estoit,
qu’à le plonger dans vn abisme de desolation, d’où toute la prudence
humaine aura peine de le retirer. Et ce qui est plus deplorable,
c’est que les maximes pernicieuses de ces Demons
qui obsedent cette pauure Reyne, ont desia tellement occupé
& enuenimé son cœur, que prenant la paille pour l’or, l’ombre
pour le corps, les fausses maximes, & le mensonge mesme,
pour la plus saincte verité, elle croit ces artificieux Hypocrites
comme des Oracles ; & se persuade qu’elle periroit, si elle ne
suiuoit aueuglement leurs conseils.

Si donc nous voyons clairement que l’iniustice & l’iniquité,
ont abatu la Iustice de son Tribunal pour la fouler aux pieds ;
que le vice veut chasser la Vertu ; que l’impieté & le scandale
ont desia pris le masque de la veritable Religion ; que la cruauté
des meschans demande à se gorger du sang des iustes, & en vn
mot que la Tyrannie est en campagne auec toutes ses forces,



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