Brousse, Jacques [?] / Questier, Mathurin [faux] [1649], LE REVERS DV MAVVAIS TEMPS PASSÉ ET LA LIBRE ENTRÉE DE LA PAIX. DEDIÉ A SES ADORATEVRS. Par Me M. QVESTIER, dit FORT-LYS, Parisien. , françaisRéférence RIM : M0_3545. Cote locale : A_8_21.
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donc encore vne fois ; nous te dresserons des Autels ; La guerre n’a
point fait encore encherir l’encens ; il y en a assez en cette ville pour
parfumer tes sacrifices ; Ne croy point que nous soyons si ingrats
que de te refuser. Le plus pauure d’entre nous t’offrira volontairement
sa maison, pour t’y heberger ; & se plaira de t’offrir continuellement
son humble seruice. Ne seras-tu pas bien ayse de te voir
cherie & honorée d’vn Peuple qu’il y a si long-temps qui ne t’a veuë
ny contemplée. Ta ioye ne s’augmentera-elle point, quand tu sçauras
que le Roy, la Reyne Regente ; Monseigneur le Duc d’Orleans,
le Prince indigné, & tous les grands Seigneurs, seront reuenus
en cette Ville pour t’adorer ? Ouy ; certes, & ie croy que tout
ton plaisir sera de les y voir en bonne prosperité & santé, rendre
les actions de graces à Dieu pour vne telle & presque incroyable
tranquillité. Que nous faut-il plus si tu te range de nostre costé ?
L’ennemy redoutera nos forces, lors qu’il entendra dire que l’aymable
fille du Ciel aura auec ardeur embrassé nostre party. Où
est la crainte qui menasse de saisir nos esprits ? Elle ne se rencontre
plus parmy nous, à cause que l’on nous fait apprendre, comme
par force le mestier de la guerre. Nos ennemis se treuuent
maintenant vaincus ; & sans coup frapper nous emportons sur
luy la Victoire, qui nous auoit esté promise dés vn siecle d’années.
O ! heureuse & tres-aymable Paix ? O ! Deesse incomparable ? O !
Vertu excellente ! qui quitte son Palais du Ciel pour se venir loger
auec nous sur la terre ? Admirable reuers du mauuais temps
passé ? Porte par où tous les bons François doiuent passer, pour
gouster les delices d’vn miel agreable & sauoureux ? Descendez
donc vistement ; afin de nous faire reuiure. Nous sommes desia
a demy morts ; mais nous sçauons fort bien que vous auez le pouuoir
de nous guerir en nous resuscitant. Puis que c’est par le
moyen de tant de genereux guerriers (qui toutesfois s’estimeroient
beaucoup plus heureux de viure sous vos loix, que sous
celles de ce sanguinaire Mars) que vous daignez nous venir visiter :
Faites qu’ils prennent tous part à vostre triomphe : Et tout
ainsi qu’ils sont les protecteurs, & deffenseurs des innocens contre
la rage d’vn ennemy estranger ; Faites que nous soyons tesmoins
des belles actions qu’ils ont produites pour nous conseruer
la vie. Que si ils ont enduré des peines & des fatigues pour
nostre sujet ; Faites que nos vœux, & nos souhaits les recompensent


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