Brousse, Jacques [?] / Questier, Mathurin [faux] [1649], LE REVERS DV MAVVAIS TEMPS PASSÉ ET LA LIBRE ENTRÉE DE LA PAIX. DEDIÉ A SES ADORATEVRS. Par Me M. QVESTIER, dit FORT-LYS, Parisien. , françaisRéférence RIM : M0_3545. Cote locale : A_8_21.
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le cœur de nostre Regente ; lors que vous luy remonstre
rez, que le nom de Reyne de Paix, est de beaucoup plus excellent
que celuy de Guerre ; Qu’il est bien plus seant à sa Majesté d’estre
adorée dans vn Paris, que parmy des deserts, vastes & affreux à
la veuë. Qu’elle y sera rauie d’entendre l’eloquence de nos Predicateurs ;
lesquels tous d’vn mesme accord la conuie de les y
venir entendre. Et enfin, que sa charité augmentera doublement
lorsqu’elle pardonnera les offenses passées. C’est ce que vous deuez
faire, Genereuse Noblesse, & c’est aussi ce que nous attendons
de vous. Nous asseurant que par vostre moyen nous serons
deliurez des peines que l’on souffre ordinairement pour le sujet de
la guerre ; Que nous mangerons du Pain à bon marché ; Que nous
ne serons point contraints de soüiller nos consciences en mangeant
des viandes que l’Eglise nostre Mere nous defend de manger
durant le Sainct Temps de Caresme. Et qu’infailliblement le
trafic se remettra sus ; nous faisant viures les plus heureux & les plus
contents de la terre. Poursuiuez-donc, hardiment vostre entreprise ;
& ne permettez que nous soyons tourmentez desormais ;
quittez les armes, pour vous amuser à pincer vn Luth, nous vous
ferons des chansons toutes nouuelles ; mesme il n’y a pas vn de nos
Poëtes qui ne se promettent de chanter vos loüanges. Venez-donc
nous reuoir sans laisser la Paix derriere vous ; faites là marcher
en teste, mesme deuant vos genereux Capitaines. Ainsi nous
yrons au deuant de vous pour vous accoller la botte.

 

La Saincteté, la Pieté & la Iustice sont trois sœurs qui ne se separent
iamais ; Si l’vne se sent affligée les deux autres la consolent ; &
ainsi font vne admirable liaison, que les temps mesme ne peuuent
déjoindre. La Saincteté dans ce rencontre fait bien souuent des
miracles ; La Pieté fait amolir les cœurs les plus endurcis au mal, en
les rendant doux, humbles & paisibles ; Et la Iustice punit seuerement
ceux qui mesprisent les loix diuines & humaines. Mais ce n’est
pas en temps de guerre que ces trois sœurs ont de la force & de
la vertu, c’est dans la tranquilité & parmy la Paix, qu’elles font valoir
leur talent. Neantmoins elles ne laissent pas de se rencontrer
parmy les Ecclesiastiques, & semble bien qu’elles y veullent incessamment
demeurer ; Elles les conjurent de prier leur Maistre pour
leurs auancements ; & de fleschir leurs genoux pour les mettre en
grace auec celuy qui les peut remettre en credit, en destruisant



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