Bourdelois, J.-M. [1652], LE TOMBEAV FVNEBRE DE MONSEIGNEVR LE DVC DE VALOIS. Presenté à toute la France. Par I. M. Bourdelois. , français, latinRéférence RIM : M5_334. Cote locale : B_5_47.
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auquel nous vous les faisons, si vous y estes tellement insensible,
puis que vos decrets sont eternels & immuables.

 

Seruetque sua decreta Colus

Lachesis.

Escoutez pour le moins la voix de nos prieres les plus feruentes,
par lesquelles nous vous demandons la conseruation de
ce qui reste.

Mors improba quid iam petis amplius.

Affreuse mort, que desirez vous d’auantage, que vous deuez
estre orguilleuse de vostre puissance, qui fait quand elle veut
des conquestes si redoutables. Que vous auez iuste sujet de
vanter la vaste estenduë de vostre Empire, duquel toutes les
grandeurs du monde sont indifferemment tributaires, & lesquelles
quand vous voulez, vous entrainez apres vous d’vne
course precipitée : mais vostre conqueste eust esté plus glorieuse,
si vous n’eussiez rauy ce ieune Monarque, que dans le
temps auquel il eust esté chargé par la pesanteur des Lauriers
de ses Victoires, & des Palmes de ses triomphes ? Si vous l’eussiez
attaqué au milieu des batailles & des conquestes, qu’il
eust remporté suiuant les glorieux exemples de ses Ancestres ?
Si vous nous eussiez laisse iouyr du bon heur qui nous estoit
enuoyé du Ciel dans sa personne, & qui paroissoit desia si visiblement
dans sa face, que dans cette tendre enfance il
donnoit de la terreur aux ennemis les plus fiers & les plus redoutables
de cet Empire, presageant en luy la mesme grandeur
de courage, & la mesme constance à la conseruation de
nostre France, qui paroist si visiblement dans la personne de
ce grand Gaston, duquel il tiroit sa naissance auec sa vie. Ie
diray enfin, que vous deuiez le proteger, & non pas le destruire,
que sans doute il eust aggrandy vos limittes par la perte des
ennemis de la France, & par la ruine totale de ceux qui conspirent,
soit secretement, soit ouuertement contre sa gloire.
C’estoient-là les pensees & les agreables idées, que nous nous
formions dans l’attente que nous auions en voyant croistre
tous les iours ce grand Prince : c’estoit-là l’esperance que nous
en auions conceüe, mais qui a esté malheureusement trahie



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