Bardonville,? de [?] [1649], LE CONFITEOR DV CHANCELIER AV TEMPS DE PASQVES. , français, latinRéférence RIM : M0_751. Cote locale : C_1_28.
page précédent(e)

page suivant(e)

-- 3 --

LE CONFITEOR DV CHANCELIER,
au temps de Pasques.

IE me confesse à Dieu, à la Reine, au Peuple, &
au Parlement ; la sinderese de mes crimes m’oblige
à m’accuser, pour tascher à meriter Misericorde, &
en suite abolition de mes pechez. On peche pour
l’ordinaire, par pensées, par paroles, & par œuures :
Mon crime n’est point pour auoir pensé à mal-faire ;
car ie n’estois point nay à cela, ny pour auoir proposé
quelque mauuais dessein, veu que mon naturel
pacifique y est contraire. Mais ce que i’ay fait est que
ie me suis teu ; de sorte que ie me puis approprier
les paroles du Prophete, Væ mihi quia tacui. Quand ie
cõsidere que i’ay esté eleué à cette charge de Chancelier
de France, à dessein que ie me tairois ; ie me reconnoist
pacifique ; car sans cela ie n’aurois eu si bõne opiniõ
de moy ; Mais cela ne diminuë rien de mon crime ;
parce que cõme ie suis cõplice de plusieurs exactions,
pilleries, & homicides, de sorte que ie puis encherir sur
le malheureux Caїn, puis que i’entends la voix du Seigneur,
qui me dit, Populi clamant ad me de terra, ou cõme
à ce mauuais Fermier, Redde rationem villicationis
tuæ iam non poteris villicare ; & que comme vn Saul insolent,
i’ay entrepris auec vn pouuoir du Prince des
Prestres de prendre le troupeau d’Esleus, & de les interdire ;
en quoy ma Commission estoit bien plus
sanglante, que celle du pauure Saül, dautant qu’il



page précédent(e)

page suivant(e)