Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.
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estant mort ; & le Roy François ayant enuoyé l’Admiral Bonniue :
pour sonder l’inclination des Electeurs, l’Archeuesque de Treues parla
fort à son aduantage, & essaya de pratiquer les voix de ses Collegues : mais
l’Archeuesque de Mayence, & le Duc de Saxe, se roidirent contre ce Prelat,
soustenant que les estrangers ne pouuoient paruenir à ce degré : &
neantmoins chacun sçait que Guillaume ; Comte de Hollande, Alphonse,
Roy de Castille, & Richard, de la maison d’Angleterre, y furent autresfois
appellez : le credit de cet Archeuesque, & Duc de Saxe, preualut sur celuy
de Treues, & rendit la poursuite de François Premier inutile : ainsi Charles
d’Austriche fut declaré Empereur, quoy que les Electeurs luy eussent
donné leurs voix à contre-cœur, pour le grand pouuoir que ses predecesseurs
s’estoient acquis en Allemagne, depuis cent ans qu’ils tenoient
l’Empire, comme hereditaire en leur maison ; mais la crainte qu’ils eurent
qu’vn Roy de France, fait Empereur, reunist l’Empire à la Couronne, &
retirast ce que leurs deuanciers auoient vsurpé sur le Domaine de l’Empire,
les fit, sousmettre à la discretion d’vn Prince de leur Nation, quoy
qu’ambitieux, & enrichy de deux grandes successions, dressans par ce
moyen l’eschelle à la maison d’Austriche, pour monter à ceste Grandeur
redoutable, qui les a non seulement despouillez de leurs droicts & franchises,
mais aussi les menace d’vn second naufrage de ce peu qui leur reste
de liberté.

 

Par là, SIRE, vous pouuez voir que l’Empire vous appartient priuatiuement
à tous autres Princes, & que la Couronne Imperiale ayant esté
vnie à celle de France, du consentement des Romains, & de toute l’Italie,
de laquelle le nom d’Empire a tiré son origine, elle n’en a peu estre separée,
& moins transferée en Germanie, qui n’auoit rien de commun
uec l’Empire : & d’ailleurs, que Charles le Gros estant mort sans autres
heritiers legitimes, que Charles le Simple, son cousin issu de Germain,
Arnoul, & Louis son fils, ne pouuoient tenir l’Empire qu’à tiltre de precaire,
& iusques à la majorité de ce ieune Prince. Mais supposé qu’ils fussent
appellez à ceste dignité legitimement, la race de Charles le Grand
ayant finy en leur branche, l’Empire deuoit retourner en la branche directe
& legitime, qui duroit encore en France, au preiudice de laquelle
les Allemans, ny les Italiens, ne pouuoient rendre ceste dignité electiue,
ayant esté donnee hereditaire à Charles le Grand, & à ses successeurs
Roys de France. C’est pourquoy plusieurs de vos deuanciers, SIRE,
sçachans que les droicts des Empires & Souuerainetez, ne se peuuent prescrire
par la longueur du temps, prirent qualité d’Empereurs, entr’autres,
Philippes Premier, Louis le Gros, & Louis le Ieune, comme il se remarque



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