Baltasard, Christophle [1645], TRAITTÉ DES VSVRPATIONS DES ROYS D’ESPAGNE, SVR LA COVRONNE DE FRANCE, Depuis le Regne de Charles huictiesme. ENSEMBLE VN DISCOVRS SVR LE COMMENCEMENT, progrez, declin, & démembrement de la Monarchie Françoise, droicts, & pretentions des Roys Tres-Chrestiens sur l’Empire. AVGMENTÉ D’VN SOMMAIRE DES DROICTS de ceste Couronne, sur les Comtez de Bourgongne, Cambray, Haynault, de Genes & Luxembourg. ET LES VICTOIRES ET CONQVESTES DES ROYS LOVIS XIII. dit le IVSTE, & de LOVIS XIV. dit DIEV-DONNÉ, sur les Espagnols, & les Austrichiens, en Italie, Alsace, Flandres, Luxembourg, & Comté de Bourgongne, Catalogne & Roussillon. Par C. BALTASARD. , françaisRéférence RIM : Mx. Cote locale : D_1_6.
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les Chefs aux pieds de sa Majesté implorer sa grace & le pardon de leur
temerité.

 

Le Roy ayant donné tout contentement à la Reyne, & leué tout sujet de
crainte à la France, sa pieté naturelle luy fait penser à faire exempter ses
Edicts donnez en faueur des Ecclesiastiques & Catholiques de Bearn, portant
main-leuce de leurs biens saisis, & occupez depuis soixante ans par
ceux de la Religion Pretenduë Reformee du païs, & pour faire executer sa
pieuse & saincte intention, contre le refus que les Bearnois faisoient d’obeïr
à ses Edicts : Il entreprit le voyage de Bordeaux, & alla iusques en
Bearn, où en cinq iours il remit Dieu en sa Maison, les Euesques, & les Ecclesiastiques
en la iouissance de leurs biens, restablit dans le pays l’exercice
de la Religion Catholique, osta aux Bearnois Nauarrins leur forteresse
& leur ilion, cassa la milice du pays, & en sortit plein de gloire & de benedictiõ
du Ciel, qui en ceste occasion fauorisa sa saincte & Royale entreprise.

Ce changement seruit de pretexte à ceux de la Religion pretenduë reformee
de France, pour former vn party contre le Roy. Et afin de l’authoriser,
ils choisirent la Rochelle pour y tenir vne assemblee generale de leurs
Eglises, où trenchant du Souuerain, ils partagerent les Prouinces entre
leurs Chefs pour y leuer des gẽs de guerre, & faire subsister leur rebellion
contre sa Majesté, qui ayant. Dieu de son costé entreprit la defense de sa
cause auec celle de son authorité : Il arme derechef, & sort pour la deuxiesme
fois en cãpagne, & prend le glaiue vigoureux de sa Iustice pour chastier
ses subjets rebelles : Il commence par la ville de Saumur, qu’il oste à celuy
qui estoit de la Religion pretenduë reformee, quoy que le moins factieux
du party, se saisit principalement de son Chasteau, & y laisse garnison
pour y entretenir son seruice.

Sa Majesté entre en Poictou, où tout obeit, les portes de toutes les villes
de la Prouince luy sont ouuertes, & on luy apporte toutes les clefs des
cœurs & des forteresses, sans qu’il eust besoin d’vser de commandement &
de force pour estre obey.

Il sçait que S. Iean d’Angely, fortifié par vne garnison de seize cens
hommes, souz le commandement de Monsieur de Soubise, veut voir le
canon. Sa Majesté la fait assieger, se trouue en personne au siege, qui fut
rude, mais en fin serree, battuë & pressee. Il fallut ouurir ses portes, & souffrir
la demolition de ses murailles, pour n’osans penser à se defendre contre
les armes victorieuses du Roy, trouue sa seureté en son obeïssance : se
sousmet à sa Majesté, qui ne l’a voulu quitter sans ordre de faire démolir
ses murailles.

La prise de ces places estonna l’assemblee de la Rochelle, autour de laquelle



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