Anonyme [1650], TESTAMENT DE MONSIEVR LE DVC D’ESPERNON. , françaisRéférence RIM : M0_3763. Cote locale : D_1_27.
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que les Bourdelois, s’ils n’y prennent garde, seront enfin
declarez autheurs de ces maux, comme l’Agneau d’Esope, qui
fut accusé par le Loup de troubler l’eau, quoy que l’Agneau ne
beust qu’au ruisseau, & le Loup à la source. C’est pourquoy son
Altesse codicillante donne & legue à ces Deputez, pour reconnoissance
des bien faits qu’elle en a receus, les quatre plus beaux
bonets de nuict qui se trouueront dans sa Garde-robbe apres son
decez, pour estre destinez à chacun desdits Deputez, les faisant
en ce, ses heritiers particuliers.

Item, le Prince codicillant dit & declare : qu’il ne peut souffrir
le tort que Bourdeaux se fait, & la honte qu’il acquiert de demander
depuis si long-temps & si obstinement le changement
d’vn autre Gouuereneur ; Car voyant que son Eminence, à qui
les Bourdelois font cette demande : & son Altesse Serenissime
sont estroictement vnies, ils auroient autant de satisfaction
de demander ce changement à son Altesse mesme qu’à son Eminence.
Tellement que s’ils n’ont autre moyen d’obtenir ce
qu’ils demandent, ils se peuuent bien tirer le bout du nez. Outre
que les bonnes gens ne sçauent ce qu’ils veulent en voulant
changer de Gouuerneur, ne s’apperceuans pas qu’ils sont en
danger d’estre aussi mal heureusemẽt traitez que l’Asne de l’Apologue,
qui voulant tousious changer de maistre tomba enfin entre
les mains d’vn Corroyeur qui l’escorcha. Tant y a que son
Altesse Serenissime n’a gouuerné les Bourdelois & les peuples
de Guyenne de la sorte qu’elle a fait, comme elle auouë enfin,
qu’à dessein de leur faire perdre l’enuie d’auoir iamais apres sa
mort aucun autre Gouuerneur, que des Princes du Sang, comme



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